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Ambition Passionneur
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25 novembre 2008

Tribune libre à... Barbara

Ce blog est ouvert à ceux qui souhaitent publier un billet personnel. Il suffit de me l'envoyer par mail et ensuite on s'arrange, on se débrouille.
On débute avec cette Tribune Libre à Barbara (cette fois, c'est moi qui l'est sollicitée). J'ai aimé le texte qui suit et... enfin, vous verrez. C'est en allant jusqu'au bout de la lecture qu'on l'apprécie vraiment. (J'ai rencontré Barbara lors d'une course, il y a deux mois)
Merci pour ta confiance Barbara.


Je cours......

Après quoi me direz-vous ? Après rien, sûrement après personne, ou peut-être si, après moi-même, je cours après ce que j’étais et ce que fatalement je ne suis plus car comment arrêter le temps et ses ravages… ? Alors je cours, je cours pour moi, pour tout ce que cela m’apporte au quotidien, pour tout le bien généré par cette pratique si simple….

Oh, ce ne fut pas inné chez moi, bien au contraire.

Je me souviens des cours de gym au collège lorsque nous devions courir et être notés… Misère, j’étais nulle !

Il m’a fallu attendre 33-34 ans pour comprendre à côté de quoi j’étais passée. Il a fallu attendre la maladie de mon père et les conseils de son médecin « Monsieur, vous voilà à la retraite, (anticipée certes), mais je vous conseille de marcher, cela vous fera le plus grand bien ».

Aussitôt dit, aussitôt fait. Le voilà tous les matins parti vers 8H30 pour sa boucle journalière.

Comme ça tombe bien, je suis au chômage à cette époque! Plus de sous pour pratiquer du sport en salle comme je l’ai fait pendant des années, il ne me reste plus que mes baskets et mes jambes. Alors forcément papa me propose de l’accompagner de temps en temps… Un peu à reculons au début, les premiers temps, je prends vite plaisir dans nos échanges, dans cette complicité qui s’installe entre nous, celle d’un père et d’une fille qui s’aiment très fort mais qui n’ont jamais osé se le dire….

Nous parlons de tout et et de rien, de la pluie, du beau temps, des souvenirs, des uns, des autres, de la vie quoi ! C’est très agréable, mais il a presque 30 ans de plus que moi et son souffle n’est pas aussi fluide que le mien. Ancien instit', il connaît l'incidence de la flatterie pour réveiller un égo en berne, il aime bien me valoriser en me disant « Tu es plus rapide que moi ». Dans les montées le verbe se raréfie alors que je peux continuer. Très vite il adopte le MP3 et moi, une marche un peu plus rapide, nous partons ensemble mais des écarts se créent entre nous, j'opte alors moi aussi pour le MP3 et des playlistes "sur-mesure" et trottine à sa hauteur jusqu’au moment où, tel le maître d’un jeune chien fougueux que je suis devenue, il me dit « vas-y cours si tu veux, tu ne va pas continuer à marcher alors que tu peux courir ». Et c’est là que tout a commencé… Mes jambes ont pris l’habitude de se dérouler plus régulièrement, un sentiment de légèreté s’est emparé d’elles.

Un jour , à force de trotter à ses côtés, j’ai pris mon envol ou plutôt je me suis mise réellement à courir.

Peut-être aussi la chance d’habiter dans une région où le soleil est souvent de la partie y est pour quelque chose… je me souviens d’une des premières sensations que j’ai ressentie quand, arrivée sur la Moyenne Corniche, je me suis rendue compte que je l’avais fait, j’avais grimpé ces presque 3 km sans m’arrêter, le souffle presque régulier.

Quelques gorgées d’une eau fraîche prise à la fontaine, quelques pas vers le point de vue et là, ce panorama que je connais par cœur s’étalant sous mes yeux…. Ce que j’ai ressenti est indescriptible, un état second, un bien-être immense et une admiration pour cette vue fantastique, la Rade de Villefranche…. La douceur toute relative de ce mois d’avril qui doucement avait chauffé mes membres au fur et à mesure de cette côte, la musique se déversant dans mes oreilles, un ciel bleu azur digne des plus beaux ciels d’hiver, la mer scintillant déjà comme parée de milles paillettes et ce calme en moi….. à ce moment je me suis dis, les larmes aux yeux « C’est ça le bonheur »…. Je ne savais pas que l’on pouvait ressentir tout ça en même temps, je me suis sentie comme en communion avec tout ce qui m’entourait… plus rien n’avait d’importance, rien ne pouvait m’atteindre. Je souhaite à chacun de vous, de ressentir un jour une telle ivresse sans avoir besoin d’aucune drogue, ni goutte d’alcool.

Et puis je me suis lancé des défis, des courses, retrouver l’euphorie de cette masse gonflée à bloc fut aussi un plaisir intense ; je me souviens de mon premier 10 km de Nice, toute cette agitation autour et moi, concentrée avec un but à atteindre, mettre moins d’une heure…. La ligne de départ et au coup de sifflet le cœur qui s’emballe « Ca y’est, j’y vais », ces montées tant appréhendées et cette arrivée sous les applaudissements de mon mari et de ma fille le sourire aux lèvres « je l’ai fait, j’en ai été capable, 58 mn ! »

Il y a eu d’autres courses, d’autres entraînements mais ces deux moments furent les plus forts. Aujourd’hui je cours encore régulièrement, peut-être à la recherche de ce bonheur si particulier atteint alors que je ne m’y attendais pas…

Je sais que depuis, la course à pied est devenue mon principal défouloir, mon équilibre. J’ai retrouvé du travail mais je continue à m’entraîner, à la recherche de mon bien-être, de ce sentiment de toute puissance et pendant ce temps je crois que rien ne peut m’atteindre, ni les idées noires, ni la haine…. Les idées passent fluides, traversent mon esprit mais ne s’y arrêtent jamais, aucun tracas, bien au contraire comme par magie tout se transforme et s’évacue…..

Ah, et j’allais oublier, mon âme est guérie mais mon corps me direz-vous ? Mon corps, j’ai apprivoisé et appris à aimer l’image que le miroir me renvoie, un corps véritablement transformé (au moins à mes yeux, mais n’est-ce pas le plus important) plus tonique, plus nerveux, un corps que j’aime enfin dans sa globalité et plus en petits bouts comme avant.

Lancez-vous, faites-vous confiance, un peu de persévérance et vous verrez… Vous viendrez me dire !

A vos marques.. Prêts…… Partez !

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Commentaires
M
Maintenant, tu nous en as trop dit ! Nous avons hâte que tu nous racontes cette histoire !
C
Un peu bête ? <br /> Mais c'est impressionnant de bonté, de beauté... même raccourci.<br /> Je le veux en grand. J'achète. ;-)
D
Cela viendra Didier, cela viendra. Mais mon souvenir n'a pas grand-chose à voir avec le sport ni avec mon père (même si je l'ai beaucoup pratiqué, en complicité avec lui qui était prof de gym). C’est l’histoire (qui se passe en Inde) d’un vieillard inconnu qui marchait sur un chemin très raide pour rejoindre un monastère isolé dans la montagne. Derrière lui, à quelques mètres, deux jeunes femmes allaient dans la même direction : elles ont senti la fatigue du premier et ont fait semblant d’être plus épuisées qu’elles ne l’étaient réellement pour lui donner l’opportunité de s’arrêter comme s’il les attendait. Cela paraît un peu bête ainsi raccourci… en fait ce manège a duré des heures… Et la rencontre a eu lieu. Une belle rencontre.
L
Ayant ressenti ce "calme, une sérénité profonde, ce lâcher prise des réalités et tracas du quotidien" moi aussi par une pratique régulière de jogging à un moment de ma vie, je te comprends et suis heureux de tes précisions. <br /> <br /> J'avas prévenu c'était perso et juste pour mettre en garde d'autres que Claudio et toi. <br /> De celles et ceux qui fonctionnent différemment question sérotonine et endorphines.<br /> <br /> Bonne soirée, pour la minerve et ton corps, un peu de méditation sera peut-être la solution ce soir.
B
Moi, je ressens cette communion, ce sentiment océanique dont à très bien parlé André Comte-Sponville, en rando dans la forêt, la montagne, ou en marchant en bord de la Manche ou de l'océan Atlantique.
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