Premier jour à Montréal
L'aérogare est glaciale. C'est le contrat. Tout va bien.
Mais, visuellement glaciale, ce n'était pas prévu. Le hall est froid, aseptisé. Les regards muets. La file d'attente sage. Les corps résignés.
Les yeux des contrôleurs de bagages et de passeports n'ont rien à envier aux mitraillettes des flics stambouliotes un jour de tournage de film culte. Les chiens en plus.
Pourtant certain d'être irréprochable, je me sens, tout à coup, suspect.
Soyons zen, c'est pour notre sécurité.
Dehors, la guérite qui distribue les tickets de bus pour atteindre le centre ville semble être sortie d'un film muet. A l'intérieur, un vendeur aigri moins poli qu'un distributeur automatique.
Soyons zen, c'est un cas particulier.
Arrivée en ville. Une altercation près du chauffeur, de la chauffeuse pardon, plus proche d'un pouf que d'une chauffeuse en fait. Des touristes américains demandent l'arrêt pour atteindre leur hôtel. La conductrice crie, vocifère, insulte et affirme qu'elle ne parle pas l'anglais. Je ne veux pas le croire. Mon fils se propose de traduire. Le reste du bus est muet et inspecte l'état de ses chaussures.
Soyons zen, ne généralisons pas.
Arrivés à la gare routière, nous soufflons. Pas longtemps. Dans le hall, nouvelle altercation entre touristes et personnel pour un problème de bagages. Stress et aigreur s'invitent à nouveau.
Soyons zen, cela finira bien par s'arrêter.
Le personnel de l'hôtel est sympathique. La roue tourne. Communicatif eut été un plus, mais, même au marteau-piqueur, impossible de lui faire accepter plus de trois échanges de suite.
Soyons zen, et moins exigeants.
Croyant bien faire, j'avais choisi un loueur de voitures dans une rue proche de l'hôtel. Seulement, ici, certaines rues font plusieurs kilomètres et l'Européen, habitué aux plans à taille humaine, se sent bien naïf. Il nous faut prendre un métro, puis un car, pour arriver à bon port, dix kilomètres plus loin... dans la même rue.
M'approchant du chauffeur, je me renseigne sur le meilleur arrêt en fonction de ma destination. Après avoir répété trois fois ma question, je finis par obtenir une réponse : "Je ne sais pas. Je ne suis pas là pour indiquer les arrêts".
Soyons zen, continuons.
"Je vais resté près de vous, Monsieur, le temps qu'il faudra. Je suis sûr que vous aurez la gentillesse de m'indiquer le bon arrêt". Ce qu'il fit... pour se débarrasser.
Soyons zen, tout finit par s'arranger.
(j'attends avec curiosité le commentaire d'Inukshuk, célèbre blogueur Montréalais - soyons zen ce n'est qu'une expérience et un ressenti personnels)