Susceptibilité et sensibilité
"La susceptibilité, c'est la sensibilité des autres"
Il y a encore 15 ans, je me faisais plaisir à répéter cette phrase. Elle faisait toujours grand effet.
Pire, j'y croyais.
Aujourd'hui, cela me semble aussi ridicule que de confondre sensiblerie et sensibilité, la première habitant les imbéciles et la seconde faisant le siège des intelligents, parfois les handicapant.
La susceptibilité est beaucoup plus liée à un défaut de confiance et de maturité.
La sensibilité, elle, est fille de la conscience et de la lucidité, donc petite-fille de l'intelligence.
Donc, la susceptibilité "se soigne".
D'abord en comprenant que ce n'est pas un trait de caractère, mais une carence qui se comble.
Ensuite, en étant à l'écoute de nos ressentis pour pouvoir faire la différence entre une remarque qui vise l'Être et une autre qui vise un comportement.
Aucune raison de mal prendre une remise en question d'un comportement. Un pas en arrière, un peu d'humilité, un peu de réflexion, on fait mijoter. On en tire des conclusions et on corrige si nécessaire ou on ignore.
L'atteinte de l'Être est plus difficile à gérer. A fortiori si la flèche vient d'un proche ou de quelqu'un qu'on estime particulièrement.
Dans la mesure du possible reformuler, demander une explication, chercher à communiquer. Tourner le dos, c'est accepter l'attaque comme justifiée et l'affront comme fardeau.
Or, personne n'a le droit de s'attaquer à notre Être. C'est d'ailleurs souvent un aveu de faiblesse de l'archer ; alors laissons-le se débrouiller.
Discutons des opinions. Bousculons des comportements. Activons des réflexions. Réveillons des engourdissements.
Mais respectons l'Individu, l'Être humain semblable. Aussi fort soit-il, aussi résistant soit-il, aussi intelligent soit-il, il a une sensibilité qui vaut la nôtre. Sa dignité, c'est notre dignité.