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12 mars 2009

"presque vingt ans"

Déjà paru chez Claudiogène le 10 juillet 2007

Nous sommes le 03 septembre.
Il est 09h30 et le jeune homme pense que dans deux mois exactement, il aura vingt ans.

Cette pensée finie, il entend la sonnette et s'empresse d'appuyer sur le bouton libérant la gâche électrique.
Les deux hommes qui étaient dans le sas d'entrée ont pu ainsi rentrer dans l'agence bancaire.
S'approchant du guichet le jeune employé salue ses clients.
L'arme de poing comme un éclair se plante à 20 centimètres de son nez. Son propriétaire, tranquillement, lui dit :
- Bouge pas. Qui a la caisse ?
L'employé a déjà fait deux pas en arrière et levé les bras, par réflexe, comme il a vu faire au cinéma.
- Baisse les bras.

La caisse, c'est son collègue qui l'a et le dit. La grosse caisse du moins ; lui, il en a une plus petite et ne dit rien.
La cible change de camp.
Le second individu sort un fusil de chasse à canon scié (rien que le nom fait peur). Robert, c'est le nom de la "grosse caisse" aligne les billets sur le guichet, pendant que les dix employés, derrière, sont pétrifiés, pas un mot.
Le butin semble maigre aux malfaiteurs.
- Où est le coffre ?
Et voilà Robert parti dans la pièce du fond, pistolet sur la tempe, pour "vider" le coffre.

Et là, la porte sonne de nouveau.
Tableau : Dix employés pétrifiés. Un Robert et un gangster dans la pièce du fond. "Presque vingt ans" face à "fusil de chasse"
- Fais comme si de rien n'était, dit ce dernier en dissimulant son arme dans un sac de sport.
- Pour ouvrir la porte je dois appuyer sur le bouton.
- Vas-y
Il appuie prenant bien soin de ne pas riper sur le bouton voisin, celui de l'alarme sonore. Il pense à la tempe de Robert et Robert, c'est son ami.

La cliente arrive. Et découvre une peinture avec un seul personnage qui bouge ("surréaliste" dira-t-elle plus tard). "Presque vingt ans" prend sa remise de chèque et politesse oblige parle pluie et beau temps en priant pour qu'il n'y ait pas de retrait d'espèces demandé.

Qu'aurait-il fait ? Robert n'était pas là et si "fusil de chasse" avait vu qu'il avait cherché à dissimuler sa caisse à lui, cela risquait de tourner mal. Pas de retrait. Ouf ! Un solde de compte ? Facile.

Catastrophe. Pas facile. Ce jour-là un seul listing de soldes au lieu de deux. Il se trouve dans le bureau du directeur. S'il change de pièce que va-t-il se passer ? Tant pis, il ne peut faire autrement. Il rejoint le malfaiteur à l'autre bout du guichet et lui dit :
- Je vais aller dans le bureau du fond et revenir.
Ce qu'il fait sans encombres.

Pendant ce temps, Robert doit supporter le métal sur la tempe et la main tremblante du plus excité des deux.
La cliente s'en retourne :
- Au revoir Madame et bonjour à Monsieur.
Une porte se ferme et l'autre s'ouvre, celle de la salle des coffres.
Encore trente secondes et tout sera fini.

C'est fini.

Derrière les rideaux nous apercevons la Porsche blanche qui s'éloigne.
Un cognac, un interrogatoire et six heures plus tard, l'employé rentre chez lui.
- Maman, dans deux mois, j'aurai vingt ans et aujourd'hui, j'ai eu mon premier hold-up.

...

Ce ne fut pas le dernier en effet.

Quelques mois plus tard au commissariat, il s'était juré de ne pas désigner le braqueur. Il regarda de gauche à droite les gueules patibulaires qui surmontaient les gros chiffres. "j'm'en fous, j'fais semblant, j'dis rien" pensait-il. 1. 2. 3. 4. 5 et le regard se bloqua sur 5, c'était bien le 5. Il sortit et dit "c'est le 5" et il signa.

Il apprit aussi par la télévision que ces gars-là avaient déjà tiré sur des gens et sur des policiers. Pas immaculée la Porsche blanche. Il n'eut peur que plusieurs semaines plus tard.

Une chose lui fit plus peur encore que ce hold-up : Il découvrit que c'était les deux jeunes gens de l'agence qui avaient donné une leçon de sang-froid à leur hiérarchie et à leurs aînés qui avaient eux, tout vu, tout entendu, tout fait... Un peu désespérant pour cet idéaliste qui croyait que le temps aidait à "Être".

On octroya une prime de 800 francs à diviser par douze parce que Robert et "presque vingt ans" avaient "sauvé" 200 000 francs.
 

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Commentaires
M
Il y a de quoi arrêter son métier de banquier ! :-S
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