On n'y échappe pas
- Tu finiras ringard, comme moi.
A 30 ans, la réplique est vexante. Surtout quand on s'accroche, qu'on fait l'effort de rester éveillé, vigilant.
Après réflexion, on se rassure en retournant le problème : Ringard aux yeux des autres, qu'importe !
N'empêche. La flèche a fait mouche. Et laissera des traces.
- Fais gaffe, tu es passé d'anar à coco. Puis Tonton t'a conquis. Tu cours vers la Droite, Camarade. Si tu ne freines pas, qui sait ce que tu nous promets.
A 35 ans, l'avertissement est balayé d'un pfuut supérieur.
On se rassure en se disant que c'est le tapis qui roule sous nos pieds et pas l'inverse.
N'empêche. La flèche a fait mouche. Et laissera des traces.
A 40 ans, on décide de basculer "vieux con" et à 50, on le revendique. C'est sacrément reposant.
Cela n'empêche ni la remise en question permanente, ni l'autodérision.
On a beau avoir affirmer que nous c'est pas pareil et qu'on est au-dessus de ça...
On n'échappe pas à la ringardise.
On n'échappe pas à l'inquiétude irrationnelle et démesurée qui saisit lorsqu'il s'agit de ses enfants.
On n'échappe pas au ralentissement de la réflexion.
On n'échappe pas... moi à ceci... vous à cela.
Et on s'en veut en se disant que la prochaine fois, on s'en échappera...