L'indépendance de l'individu
Encouragé par un ami, j'ai assisté à une conférence organisée par L'Université Populaire des Alpes-Maritimes. L'invité était le Procureur de la République Éric de Montgolfier et le sujet "L'indépendance de la Justice".
J'avais déjà exprimé ici et là, mon admiration pour le Procureur et sa rigueur intellectuelle. Je fais court.
Dès l'introduction, une grande bouffée d'intelligence cueille à froid la majorité de la cinquantaine de spectateurs. Monsieur de Montgolfier décale le sujet en une phrase.
En effet, il aborde son thème favori (c'est le mien aussi). C'est l'individu qui peut être indépendant. Et c'est lui qui décide de l'être en dehors de toutes structures. Il doit connaitre le prix à payer et le courage fera le reste.
C'est peu dire que je suis un observateur aux anges. Je jubile intérieurement.
C'est le citoyen qui, par son comportement et son action individuelle, va finir par avoir la justice qu'il mérite, les institutions qu'il mérite et la société qu'il mérite.
Je bois du petit lait. Et aussi prétentieux que cela puisse paraitre, je retrouve là tout ce qui anime ce blog et tout ce qui m'anime dans la vie : la responsabilité individuelle, le travail sur soi etc. seuls moyens éthiques et efficaces pour aider au bien de tous.
J'ai pris un autre plaisir, solitaire, discret et joyeux.
Si je fais confiance à mon observation, il semble que cette assemblée était en grande partie composée de personnes appartenant aux mêmes cercles. Beaucoup se connaissaient entre eux et je caricature, certes, mais c'est pour faire vite, c'était un public de "fonctionnaires gauchisants". Voilà, c'est dit. Que les autres me pardonnent ce raccourci. (En fait d'Université Populaire, nous étions, à première vue, peu nombreux venant du peuple. Bref)
Il semble que leurs attentes aient été déçues. Une condamnation du pouvoir en place aurait bien fait leurs affaires. Un constat de la dégradation du système aurait répondu à leurs souhaits. Un tableau apocalyptique aurait assouvi leurs instincts.
Rien de tout cela, le Procureur renvoie chacun à sa responsabilité et tempère les excès d'appréciation. Belle leçon !
L'heure des questions arriva : Les premières agressives et virulentes. Une caricature d'esprit partisan, des attaques personnelles, une rigidité intellectuelle à faire frémir et des réponses en guise de questions. D'autres plus classiques n'apportaient rien (par exemple, l'éternelle question des moyens financiers qui permettraient de rendre une meilleure justice...) Bref, j'étais atterré par autant de poncifs.
Le calme et la maitrise du Procureur permirent de ne pas stagner et le recadrage systématique à la conscience de l'individu était un régal.
C'est assez désolant pour l'inculte que je suis d'encore constater que le niveau d'études et de responsabilités de certains ne les protège pas d'un esprit sectaire.
Puisse une telle conférence les faire se remettre en question. A condition qu'ils acceptent d'avoir une réflexion individuelle et pas corporatiste.
Merci aux organisateurs et à mon ami. C'est assez rare que j'aille me mêler aux foules. Cette fois, je ne le regrette pas. D'autant que cela m'a permis de mettre les pieds dans une Fac pour la première fois de ma vie. 52 ans d'ignorance bombent le torse.