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Ambition Passionneur
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1 mars 2010

2 heures 32 minutes de plénitude

Dans ma préparation Marathon, la fin de la 7ème semaine, c'est la grande sortie.
Hier donc, au programme c'était 2h 30' (environ 24 à 25 kms)
Mon compagnon de course m'ayant encore posé un lapin, je me retrouve seul face à l'objectif. Maintenant, je devrais le remercier, tellement j'étais bien, Bien, BIEN.

Je me concentre et me prépare comme pour une grande course. Petit déjeuner copieux et adapté. Ravitaillement solide, boisson, crème anti-frottements, équipement amélioré et casquette en cas de pluie ou en cas de soleil.
Car là, à 07h 30, le temps est idéal. Doux et nuageux. Je décide de partir avant que ça change dans un sens ou dans l'autre.
07h 45. Top chrono. Rues désertes.
Moyenne Corniche. Ça monte. 20 minutes. Col de Villefranche. Vue sur la baie. Bras écartés j'embrasse la carte postale du Mont Alban à St Jean. Point de vue à touristes sans touristes. Je savoure.
A droite descente Léopold II. Lacets tranquilles. Villas cossues. A gauche, Beaulieu. Et je retrouve l'asphalte de la Berlugane, course de la rencontre avec Barbara. J'écarte les bras et j'embrasse toute la presqu'ile de St Jean Cap Ferrat. J'ai les pieds au sol sans les avoir sur terre.
Ça sent la fleur d'oranger. Je cherche, je hume. Là, à gauche, des oranges. Dix mètres plus loin, Montée (ou Descente) des Mandarines que c'est marqué ; bah, ça sent la mandarine (trop fort l'Office de Tourisme). Et pour finir avec les agrumes, à cent mètres, des citrons ont pourri sur l'arbre.
Ça descend. Un cerisier en fleurs me salue. Salut !
Ça descend encore. Jusqu'au centre de Beaulieu et le départ de la Berlugane. Je traverse. Je vois enfin un coureur. Stylé, habillé orange, face à moi. Erreur. C'était le miroir d'une boutique.
Je continue. Casino de Beaulieu et chemin du bord de mer à St Jean. La mer est agitée et sent la mer. C'est rare. Mieux. Elle sent l'Atlantique.
Je peux voir la Villa Kerylos en face. En noir et blanc aujourd'hui, comme sur les photos de Sophie.
Le port et à 09 heures pile, les cloches de l'église saluent mon passage (trop fort l'Office de Tourisme)
A 1h 20' de course, je passe devant la plage Paloma. C'est le moment qu'ont choisi mes jambes pour passer le relais à mes ailes. C'est toujours comme ça. C'est instantané. On sent le moment précis. En moins d'une seconde, on est passé en mode volant. Plus rien ne peut nous arriver.
Montée à la Chapelle de St Hospice. L'un des plus beaux endroits du monde. Ravitaillement en tous genres. Comme d'habitude, je rentre, trempe les doigts dans le bénitier, me signe. C'est la première fois que je vois le prêtre, il prépare les bougies sur un présentoir. Bonjour ! Bonjour ! Mais ça m'empêchera d'aller jusqu'à cette petite pièce à droite de l'autel, mon tonneau de rêve, un lit, une table et quelques bouquins, on ne peut plus simple. Ça viendra, pourvu qu'on y installe l'ADSL.
Je sors et tout en grignotant ma barre énergisante, je marche sur le gravier bruyant du cimetière. Il n'y a pas foule debout. Les allongés sont plus nombreux.
Je suis les instructions que Barbara m'a données pour rendre visite à Delphine. Je ne trouve pas. Je prends mon téléphone (celui qu'on m'oblige à prendre pour les sorties longues) et j'appelle ma femme pour m'aider. C'est au Allo ! de réponse que j'ai trouvé Delphine. Le buste que je devais voir sur la tombe était presque invisible. Il y avait des fleurs partout, des lys blancs surtout. La plus fleurie de toutes les tombes que j'ai pu voir. Pour une jeune fille enterrée depuis bientôt 17 ans. Incroyable. Une pensée et je passe.
J'en ai connu des cimetières. Mais celui-ci, à cet endroit précis, j'y poserais bien mes os. Un balcon sur la mer surplombant des pins biscornus. Je cherche le bureau des réservations, je ne trouve pas. Puis, je me souviens que jusqu'à preuve du contraire, je suis immortel.
Bon. Il me faut repartir. Les Fossettes. Saint Jean. Devant la "Casa Fortuna", une 403 bleu électrique resplendit.  Plage de Villefranche. Toujours en volant.
Au bout du port, près du buste de Cocteau, Jean-Paul, le vendeur de poissons baille. Cela me rappelle qu'il faut que je m'alimente. Un tube, échantillon de produit énergisant, me tient le temps de traverser les antiquaires qui chassent les mouches.
C'est seulement maintenant que le monde s'éveille un peu.
Montée vers Nice.
2h 32' 41" de course sublime à tutoyer le ciel. Aucune valise de billets, aucune promesse de paradis, aucune médaille, aucun diplôme, aucun loto ne peuvent m'apporter cela.
Et je pense à la guichetière fonctionnarisée, philosophe dans le civil, qui m'a dit cette semaine "faut bien gagner sa vie". Elle a échappé de justesse au "si tu savais à quel point tu es en train de perdre la tienne". Je pense à elle. Parce que son virement de fin de mois, il ne fait pas le poids face à ma matinée. C'est gratuit. Mais ça se mérite.
Je suis richissime et pourtant pauvre.

Accueil chaleureux à la maison. Café, étirements et bain (un tous les 2 ans environ, c'était aujourd'hui).
Voilà. J'ai écrit le centième de ce que j'ai écrit dans ma tête en courant.

2h 32 minutes de plénitude. Je souffle dessus. Parce que c'est transmissible. Plus je donne plus j'en ai. C'est une physique particulière.

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Commentaires
C
La sincérité Dominique, je ne peux pas m'empêcher. Et puis, qui dit que ça ne peut pas être utile à une réflexion sur soi, pour elle ou pour d'autres ?
D
Bien dommage le paragraphe sur la guichetière fonctionnarisée. Pas vraiment utile.
B
« Vis comme si tu devais mourir demain... Apprends comme si tu devais vivre toujours. »<br /> <br /> GANDHI
B
j'aime bien la dernière, elle sonne bien!
C
Comment sauver son couple ? Cours de philo dans un hôtel à Beaulieu-sur-mer.<br /> Comment sauver un hôtel ? Cours à Beaulieu-sur-mer, File ho, couple !<br /> Sauver la philo sur l'autel du couple à Beaulieu-sur-mer.<br /> Un couple-philo court dans un hôtel à Beaulieu-sur-mer : Sauvés.
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