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Ambition Passionneur
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14 avril 2010

On n'est pas sortis

"Le 20 heures" m'a transporté en une image plusieurs décennies en arrière. On a incendié une école maternelle située entre le stade et le gymnase qui firent les joies de mon adolescence.
Alors, cette école ou une autre, me direz-vous ? Oui, bien sûr. C'est la même chose. Mais, c'est prétexte et déclencheur. Profitons-en.

Pas religieux pour un sou, anti-religion même, je suis toujours atterré lorsqu'on s'attaque à un lieu saint, qu'on profane un cimetière, qu'on pille une église etc.
Ma foi étant laïque, je suis touché bien sûr, mais surtout consterné qu'on puisse s'attaquer à une école. On viole la République, le Savoir, l'enfance et la transmission en une seule fois. En grattant une allumette.
Tout a été dit sur ce que représente l'École. De l'ascenseur social, à l'égalité en passant par l'intégration, la blouse grise et les vertus morales. Et tout a été aussi dit sur la dégradation de tous ces symboles et la diminution du rayonnement des valeurs qui y sont attachées.

Mais ici comme ailleurs, on n'avance guère parce qu'on veut une chose et son contraire. Et souvent par idéologie.
Sous prétexte qu'un Président a proposé de "sanctuariser" l'école, on refuse le terme. C'est pourtant bien ce que demande tout le monde, élèves, parents, enseignants. Il s'agit bien de faire de l'école un lieu privilégié, respecté par tous, reconnu par tous comme particulier voire supérieur.
Vues de l'extérieur, certaines scènes sont surréalistes : Pour faire simple et court, tant pis pour la caricature, on a d'un côté des gens qui demandent plus de sécurité pour les établissements scolaires et qui refusent qu'on leur en donne.
Moi, cette idée de sanctuarisation me convient parfaitement.

Mais le problème n'est pas là, mon bon monsieur !  Le problème est dans les solutions préconisées. D'habitude on dit que la solution c'est le problème pourtant. Bref.
Les mêmes (les enseignants) qui se plaignent de l'insécurité, de leurs conditions de travail, de leur rôle dans le système trouvent des excuses à certains comportements. Ils ne savent réclamer que des sous et des postes.
Dans une thérapie individuelle, on dirait qu'on est en plein triangle dramatique. Victimes, ils accusent leur sauveur d'être leur bourreau. Parce qu'à leurs yeux, le responsable, c'est le ministère ou l'État ou le libéralisme, pas celui qui est insolent ou agressif, pas celui qui a gratté l'allumette.

Mais ce n'est pas si simple, mon bon monsieur ! Je ne dis pas que c'est simple. Mais si on réfléchissait avec un peu moins de dogmatisme et de parti pris, on aurait quelques chances d'avancer.
Idem pour les retraites, l'emploi, les impôts etc. etc.
Parce que si les patrons ont fini par comprendre que sans leurs ouvriers, ils ne sont rien, les ouvriers ont du mal à se faire à l'idée que sans le patron, ils pourraient ne pas avoir de boulot.

Tiens pour finir ce billet un peu déstructuré, je livre la meilleure, encore fraiche, entendue tout à l'heure dans la bouche d'un cheminot syndicaliste : En substance, il considérait que c'était la direction qui faisait subir les désagréments au voyageur. C'est lui qui se met en grève et c'est la faute des autres.
Si ce discours pouvait tenir il y cinquante ans, il a, aujourd'hui, dépassé la franche rigolade, il a atteint un cynisme écœurant. Ces privilégiés emmerdent les petites gens. Ces nantis font souffrir des travailleurs. Ces inconscients n'ont plus toute leur tête.
Et les politiques ne peuvent pas taper sur la table tant l'esprit de l'opinion publique est encore pollué par ces schémas caricaturaux.
On n'est pas sortis.


Je pars quelques semaines. Je pense et j'espère pouvoir garder le rythme Blog et vous faire partager un peu le voyage. Voilà, si ce n'est pas possible, pas d'inquiétude. Merci à mes fidèles visiteurs... si nombreux ;-)

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Commentaires
L
Merci à toi Claudio pour ce lien très intéressant.<br /> Ca fait rêver (et pas que pour les photos).
M
Sauvons la République!<br /> Faites un tour sur :<br /> http://www.ec-brassens-megrine-tunisie.ac-versailles.fr/<br /> Une signature sur le livre d'or nous encouragera à continuer notre mission! Merci
L
Bonsoir Claudio, je souhaite répondre à ce billet, car il y a des avis que je partage, mais pas tous.<br /> Est-ce les syndicats qui ne savent pas communiquer ou bien les enseignants que l’on ne comprend pas, ou bien encore les média qui ne mettent en exergue que ce qui est le plus spectaculaire ?<br /> Toujours est-il qu’il y a plusieurs revendications aujourd’hui dans l’Éducation Nationale. Je suis comme toi, je pense que la plupart des enseignants n’ont pas à mobiliser leurs forces pour réclamer plus d’argent. (Sauf bien entendu ceux qui débutent au bas de l’échelle et qui sont mutés sur Paris, car c’est financièrement impossible.)<br /> Toutefois, les mouvements sociaux et les grèves d’enseignants ne sont pas toutes tournées vers les salaires, loin de là. Et lorsqu’il s’agit par exemple de réclamer plus de sécurité, cela ne veux pas dire qu’ils réclament des agents de police à l’intérieur des lycées avec des miradors et des barbelés, pas même des portiques. Simplement de rétablir la législation telle qu’elle était il y a une vingtaine d’années.<br /> Car aujourd’hui, un employé de l’Éducation Nationale n’a pas le droit de toucher un élève, même pour désinfecter un p’tit bobo (lors des grandes affaires de pédophilie, les instituteurs, lorsqu’ils voyaient un enfant tomber dans la cours de récréation, ne pouvaient rien faire d’autre que d’appeler l’infirmière, étant parfaitement conscient que leur aide pouvaient les mener tout droit en garde à vue, très sérieusement)<br /> Lorsqu’un adolescent s’amuse à téléphoner avec son portable pendant les heures de cours, il est très dangereux pour l’enseignant de confisquer l’appareil, car si celui-ci disparaissait, le professeur pourrait être accusé de recel, ce qui s’est déjà produit plusieurs fois.<br /> La liste des aberrations est longue, très longue, un blog tout entier n’y suffirait pas. Lorsqu’on explique qu’il faut plus de sécurité, cela veut dire, avant toute chose, qu’il faut rétablir le pouvoir et l’autorité du corps enseignant. Car depuis une bonne quinzaine d’années, la justice donne de plus en plus raison aux parents d’élèves.<br /> Parents d’élèves qui n’hésitent plus à déposer plainte pour tout et n’importe quoi, confondant institutions républicaines avec supermarchés. L’action en justice ne relevant plus que d’un réflexe de consommation, mu par un ego mal placé.<br /> Mais ces actions procédurières ne sont rendues possibles que parce que des textes de lois ont été modifiés ou crées. Claude Allègre, François Bayrou, Marie-Ségolène Royal et aujourd’hui Nicolas Sarkosy sont parmi les principaux fossoyeurs de cette institution que beaucoup rêvaient de voir sombrer, pour le plus grand plaisir des écoles privées.<br /> Une autre revendication est l’augmentation des moyens, notamment en personnel. Autrefois, une classe de trente élèves était parfaitement gérable, plus aujourd’hui. Parmi les causes, citons les principales : le manque de sommeil — un enfant/adolescent en 2010 dort en MOYENNE, ¾ d’heure de moins qu’en 1980 ! C’est à dire que dans certaines classes, la moitié des élèves se sont couchés après minuit. Impossible dans ces conditions de maintenir la discipline et encore moins l’attention des élèves. C’est aux parents de chaque enfant de donner un tour de vis. D’autre part, nous sommes dans une société qui a développé le culte de la performance. On fait faire trop de choses aux gamins. Après la classe, le club de judo, puis le soir, après les devoirs, cours de piano, le week-end, compétition puis cours particuliers… Stoooop ! Laissez-les un peu faire l’enfant.<br /> En effet, l’école n’est plus un sanctuaire. Pour qu’elle le redevienne, surtout pas de policiers à ses portes, ce serait un aveux d’impuissance. Alors oui, « Le problème est dans les solutions préconisées. ». Méfions-nous des solutions simples. Rétablir l’ordre sans crier est beaucoup plus difficile, mais tellement plus efficace.<br /> Encore une fois, je t’approuve totalement lorsqu’il s’agit de questions salariales. Mais contrairement à ce qui apparaît dans les média, ce ne sont pas les revendications les plus fréquentes ni les plus fortes. Les enseignants ne savent pas communiquer avec le public, peut-être, je ne sais pas. Par contre, je sais que l’École Publique est déjà morte. Éduquer, instruire, ça coûte cher, et ça, on ne le lui a pas pardonné. La France avait, jusqu’au milieux des années 90, le meilleur système éducatif au monde. Et ce n’est pas un institut français qui avait pondu cela. Tout cela est terminé, il est trop tard, lorsque les français se réveilleront, ils ne pourront que constater.<br /> Constater la disparition des CPE, des infirmières scolaires, des conseillers d’orientation, des intervenants extérieurs, des inspecteurs et même… des pions ! Perdu pour perdu, je suis prêt à jouer des coudes, voire des poings, pour tenter de sauver les miettes. Pour que si un jour mon fils en fait un à son tour, il ne soit pas obligé d’aller dans une école privée, en dehors de toute république. Pour qu’il puisse aller dans une école qui n’a pas de patron, simplement un ministre de tutelle.<br /> Merci Claudio pour l’espace d’expression que tu nous donnes.
S
Eh bien moi je partage tout à fait ton billet Claudio, les gens râlent mais ne veulent rien changer, ils n'ont plus que des droits et oublient leurs devoirs. La France est un pays de contradictions !!<br /> Bonnes vacances à toi !
C
A quelques heures d'un départ en vacances (et je n'aime pas les voyages ;-) voilà un commentaire qui réchauffe.<br /> Merci Sylvie, de "comprendre" même si, comme tu dis, nous ne sommes pas obligés d'être d'accord.<br /> Oui, c'est cette pensée unique qui m'est insupportable et elle n'est pas toujours, ou pas que, là où on le croit.<br /> J'ai tellement l'impression d'être perçu comme un extraterrestre parfois que, même si je survis ;-) ça fait du bien de ne pas se sentir seul.<br /> Et merci aussi de nous rappeler l'absurdité de certaines informations.<br /> Résistons. Chacun à notre façon.
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