On n'est pas sortis
"Le 20 heures" m'a transporté en une image plusieurs décennies en arrière. On a incendié une école maternelle située entre le stade et le gymnase qui firent les joies de mon adolescence.
Alors, cette école ou une autre, me direz-vous ? Oui, bien sûr. C'est la même chose. Mais, c'est prétexte et déclencheur. Profitons-en.
Pas religieux pour un sou, anti-religion même, je suis toujours atterré lorsqu'on s'attaque à un lieu saint, qu'on profane un cimetière, qu'on pille une église etc.
Ma foi étant laïque, je suis touché bien sûr, mais surtout consterné qu'on puisse s'attaquer à une école. On viole la République, le Savoir, l'enfance et la transmission en une seule fois. En grattant une allumette.
Tout a été dit sur ce que représente l'École. De l'ascenseur social, à l'égalité en passant par l'intégration, la blouse grise et les vertus morales. Et tout a été aussi dit sur la dégradation de tous ces symboles et la diminution du rayonnement des valeurs qui y sont attachées.
Mais ici comme ailleurs, on n'avance guère parce qu'on veut une chose et son contraire. Et souvent par idéologie.
Sous prétexte qu'un Président a proposé de "sanctuariser" l'école, on refuse le terme. C'est pourtant bien ce que demande tout le monde, élèves, parents, enseignants. Il s'agit bien de faire de l'école un lieu privilégié, respecté par tous, reconnu par tous comme particulier voire supérieur.
Vues de l'extérieur, certaines scènes sont surréalistes : Pour faire simple et court, tant pis pour la caricature, on a d'un côté des gens qui demandent plus de sécurité pour les établissements scolaires et qui refusent qu'on leur en donne.
Moi, cette idée de sanctuarisation me convient parfaitement.
Mais le problème n'est pas là, mon bon monsieur ! Le problème est dans les solutions préconisées. D'habitude on dit que la solution c'est le problème pourtant. Bref.
Les mêmes (les enseignants) qui se plaignent de l'insécurité, de leurs conditions de travail, de leur rôle dans le système trouvent des excuses à certains comportements. Ils ne savent réclamer que des sous et des postes.
Dans une thérapie individuelle, on dirait qu'on est en plein triangle dramatique. Victimes, ils accusent leur sauveur d'être leur bourreau. Parce qu'à leurs yeux, le responsable, c'est le ministère ou l'État ou le libéralisme, pas celui qui est insolent ou agressif, pas celui qui a gratté l'allumette.
Mais ce n'est pas si simple, mon bon monsieur ! Je ne dis pas que c'est simple. Mais si on réfléchissait avec un peu moins de dogmatisme et de parti pris, on aurait quelques chances d'avancer.
Idem pour les retraites, l'emploi, les impôts etc. etc.
Parce que si les patrons ont fini par comprendre que sans leurs ouvriers, ils ne sont rien, les ouvriers ont du mal à se faire à l'idée que sans le patron, ils pourraient ne pas avoir de boulot.
Tiens pour finir ce billet un peu déstructuré, je livre la meilleure, encore fraiche, entendue tout à l'heure dans la bouche d'un cheminot syndicaliste : En substance, il considérait que c'était la direction qui faisait subir les désagréments au voyageur. C'est lui qui se met en grève et c'est la faute des autres.
Si ce discours pouvait tenir il y cinquante ans, il a, aujourd'hui, dépassé la franche rigolade, il a atteint un cynisme écœurant. Ces privilégiés emmerdent les petites gens. Ces nantis font souffrir des travailleurs. Ces inconscients n'ont plus toute leur tête.
Et les politiques ne peuvent pas taper sur la table tant l'esprit de l'opinion publique est encore pollué par ces schémas caricaturaux.
On n'est pas sortis.
Je pars quelques semaines. Je pense et j'espère pouvoir garder le rythme
Blog et vous faire partager un peu le voyage. Voilà, si ce n'est pas
possible, pas d'inquiétude. Merci à mes fidèles visiteurs... si nombreux ;-)