J'aime... J'aime pas...
Déjà publié chez Claudiogène le 24 avril 2008
J'aime le couscous aux calamars farcis que nous fait
ma femme.
J'aime
pas qu'on humilie les pauvres, les sans-grades, les sans-diplômes, les
humbles, les faibles en les croyant incapables de réfléchir par
eux-mêmes, en les confortant dans un état de victime.
J'aime les poètes du XIXème.
J'aime pas le jet du robinet sur le côté
concave d'une cuillère à soupe.
J'aime
le cœur d'une conversation, d'un échange, quand les bras fourmillent,
qu'on se retient pour ne pas interrompre, qu'on passionne la vie.
J'aime pas le travail, les vacances et les jours
fériés.
J'aime l'activité, l'ébullition, la
progression et la liberté.
J'aime
pas les mariages, les communions, les fêtes, les anniversaires, les
gueuletons, le saumon fumé et la crème de marrons.
J'aime
l'intemporel et la course de fond, l'anticipation, le bois, le solide,
les chiffres impairs.
J'aime
pas le futile, les ricanements, les plaisirs en CDD, les surprises.
J'aime l'individu, deux yeux, une parole,
un être singulier.
J'aime pas
les groupes, les bandes, les corporations, les corporatismes, les
réseaux, les moutons et les veaux.
J'aime
la lettre L, les femmes, tout ce qui est féminin, les tendons d'Achille
très creusés et la discrétion.
J'aime pas les syndicats français, le double langage, les
lâches et les m'as-tu-vu.
J'aime
les révoltés sages, les anars en costard.
J'aime
pas qu'un gréviste inculte et vulgaire donne des leçons à un ministre
raffiné et intelligent.
J'aime qu'on se construise avant de
l'ouvrir.
J'aime pas le prosélytisme et les militants.
J'aime
les esprits éveillés et curieux.
J'aime pas
les rompi collioni et les mal-élevés.
J'aime
qu'on préfère avoir des regrets plutôt que des remords.
J'aime
pas qu'on ne respecte pas la loi quelle qu'elle soit.
J'aime l'universalité, la mondialisation, le
cosmopolite, les métissages.
J'aime
pas le régionalisme, le terroir, les frontières, les Clochemerle et la
Ligue du Nord.
J'aime que les
parents s'occupent de leurs enfants toujours,
et que les enfants s'intéressent à leurs
parents.
J'aime pas qu'on
privilégie sa famille par principe.
J'aime
qu'un couple s'aime, s'entraide, s'intéresse, se manque, mais pas qu'il
se serve.
J'aime pas les
rhododendrons, les piercings, les boucles d'oreilles, les tatouages et
les fumeurs.
J'aime qu'on
sache que tout ce qui est juste et beau est possible.
J'aime pas qu'on pense que la vie est un
combat.
J'aime la complexité
des idées, la simplicité de la vie et l'huile d'olive.
J'aime pas qu'on donne du pouvoir aux
imbéciles.
J'aime
l'optimisation des compétences.
J'aime pas l'oisiveté, la
passivité, la plainte, les excuses et les platanes.
J'aime
les rapports humains.
J'aime
pas les rapports sociaux.
J'aime qu'on
vive par l'être aimé plutôt que pour.
J'aime pas l'éphémère, le carnaval, la
bande-dessinée, les dessins animés, le rêve.
J'aime
savoir que Dieu c'est toi, comme c'est moi.
J'aime pas les croyances support, dépendance,
fatalité.
J'aime le repassage,
l'écriture, l'organisation et le regard.
J'aime pas que les médiocres trouvent les
idéalistes prétentieux.
J'aime
le futur et la joie tranquille, confiante.
J'aime pas les modes et la science-fiction, les
dogmes et les idéologies.
J'aime
la beauté qui ne se discute pas.
J'aime pas les vendeurs et les opportunistes, les dragueurs et
les matérialistes.
J'aime la
rigueur et l'honnêteté, la folie et la poésie.
J'aime pas l'extravagance, l'excitation,
l'euphorie temporaire, les drogues, les exutoires.
J'aime la vision globale et le Château
de Pez.
J'aime pas l'opposition systématique et la défense
de ses propres intérêts.
J'aime
la responsabilité, la droiture, le courage individuel, les mots.
J'aime
pas les grandes gueules surtout quand elles se disent timides.
J'aime Montaigne, Epictète, Zweig et
Laborit.
J'aime pas ceux qui s'la ramènent sans les moyens de
le faire.
J'aime ceux qui ont
compris la force, la joie, l'espoir et l'optimisme de l'œuvre de Léo
Ferré.
J'aime pas perdre du temps en salamalecs.
J'aime les chemises que me fait ma femme.