Les Pourquoi du dimanche
Pourquoi associer toujours la convivialité ou la rencontre à la consommation ?
Je m'explique : On ne dit pas "on peut se voir ?" mais "et si on se prenait un café ?", "on va prendre un verre ?", "un apéro, ça vous dirait ?", "on mange ensemble ?", "autour d'une bière ?"...
Quel besoin de prétexte et de mise en scène pour échanger de l'Humain ? En plus dépenser de l'argent qu'on refile à quelqu'un dont on ne sait même pas ce qu'il en fera. Peut-être achètera-t-il des cigarettes ou un fusil avec. Sans compter, les conversations inutiles "On se met là ?" "Tu préfères en terrasse ?" "2 cafés s'il-vous-plait. Serrés s'il-vous-plait". Et encore quand c'est du thé faut parler de la couleur, des parfums, quand c'est de la bière, de la marque, de la quantité, de la provenance et quand c'est un steak, de la cuisson. L'écrire, c'est déjà fatigant.
Aucun intérêt tout ça.
Quand je veux voir quelqu'un, ça ne me donne ni faim, ni soif.
Si j'ai faim et soif, c'est de regards, de mots, d'émotions. Je m'abreuve du Pourquoi ce voile devant les yeux, du Quel mystère derrière, du Comment redresser ces épaules, de la découverte d'une histoire, d'un passé, de bonheurs, de blessures, de projets. Je me régale d'une main serrée, d'un bisou sur le front, d'une bise lèvres/joue (et pas joue/joue, ridicule). Je prends plaisir à ajuster des pas. Je relève des paroles. J'y cherche du sens. J'y débusque des lapsus. Je m'émeus d'une goutte d'eau qui fait loupe sur la peau. J'enregistre des rires. Je commande des larmes ou les sèche. Je donne. Je reçois. Je frôle. Je mains tendues. J'apprends...
Alors cette table, ce verre, ce tavernier ne m'aident en rien. Ils me dérangent. Ils coupent les conversations. Ils font commerce de l'Humain.
Je veux qu'on me fixe des rendez-vous dans la Vie, pas chez un numéro SIRET.