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Ambition Passionneur

Ambition Passionneur
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16 septembre 2012

Nouveau blog

Le nouveau blog de Claudio Orlando, c'est ICI.

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17 janvier 2011

Facebook

On peut désormais me retrouver sur

facebook perso et pro

Merci

3 novembre 2010

Petit jeu entre amis

Aujourd'hui, je me suis, opportunément, offert un petit cadeau.
Plus de trente ans après avoir déchiré ma carte, à peine sèche, de camarade militant au PCF, je viens d'adhérer à un mouvement politique qui me ressemble.
La question du jeu, c'est : Lequel ?

Ceux qui me connaissent un peu seront surpris. C'est normal, je le suis moi-même. Pour faire vite, je dirais que les évènements encore chauds de l'actualité nationale m'ont fait franchir le pas. Pour l'instant, ce n'est qu'une adhésion. Il n'est pas question de militantisme ou d'engagement actif. Et si un jour, quelqu'un me voit "tracter", je l'invite à vérifier la dentition des poules.
Les esprits les plus observateurs auront relevé le "pour l'instant". Pour les autres, c'est, maintenant, fait.

Dans un passé bloguesque récent, mes prises de positions m'ont valu des qualificatifs restrictifs et parfois désobligeants : "Catho de Gauche", "Anar de Droite", "Réac de Gauche", "Sarkoziste", "Centriste mou", "Fataliste", "Plus Catho qu'un Catho", "Sous-marin de l'UMP", "Gourou", "Manipulateur" et je passe sur les noms d'oiseaux. Il me plait, à présent, de remettre les pendules à l'heure et de choisir moi-même celui qui me convient. (Mais, j'en oubliais d'autres, qui, eux, m'ont bien plu, comme : "Plus Français qu'un Français", "Grand frère intello d'Amélie Poulain" ou "Le seul évangéliste qui ne parle pas de religion")
Bref ! Le petit jeu.
A quel mouvement politique ai-je adhéré ?
(Ugo, t'as pas le droit de jouer ;-)

28 juillet 2010

On peut me retrouver, de temps en temps, sur

On peut me retrouver, de temps en temps,

sur Terra Philia,

le blog participatif mis en place par mon ami Didier.

30 juin 2010

Ambition Passionneur, dernière séance

Voilà, ça devait arriver !
Ambition Passionneur a tenu un peu plus longtemps  
(653 jours, 647 billets) que Claudiogène (478 jours, 480 billets) et s'arrête pour les mêmes raisons.
De l'usure, de la fatigue, le sentiment de se répéter et de tourner en rond et... bien sûr, la déception de n'avoir pas pu, su convaincre... passionner.
Je n'avais pas un blog pour dire la même chose que d'autres. Quel intérêt ?
Mais ma foi est inébranlable. D'autres vecteurs, d'autres occasions me feront mener ma mission. Car c'en est une.
Le blog reste en ligne et les commentaires ouverts.
Si j'en crois l'activité intense de l'ancien blog, cela peut servir. Tant mieux.
Jamais deux sans trois ? On verra.
Merci à tous les visiteurs et commentateurs qui m'ont fait l'honneur de passer par ici.
Portez-vous bien... les uns les autres, la Vie est belle.

Pour finir je vous ressers le billet fondateur de septembre 2008 :

Ambition : nom féminin (ça commence bien) Volonté farouche et persévérance personnelle à vouloir faire de soi-même un Ami. Ce qui aura l'avantage d'offrir à l'Universel, par émissions de pensées saines et authentiques, une part du carburant nécessaire à l'évolution positive de l'Humanité.
Avertissement : Entre l'Individu et l'Universel, il existe la société qui croit pouvoir parler d'ambition lorsqu'elle parle de biens matériels, de réussite professionnelle, de comptes en banque ou d'honneurs quelconques. C'est un piège. S'y faire prendre conduirait automatiquement à côtoyer mesquinerie et vulgarité.

Passion : Foi inextinguible en l'Homme et en la Vie.
Avertissement : Certains s'amusent à faire rimer passion et euphorie, passion et déraison, passion et éphémère. On les appelle des pessimistes ou des jaloux.

Passionner : Action de transmettre cette foi à ceux qui veulent bien la recevoir. Le prosélytisme étant interdit, il suffit de contourner l'obstacle en prouvant soi-même que c'est possible et, accessoirement, d'apparaître dans le champ de vision des plus aveugles.

Passionneur : Mot-valise englobant Passion et Passeur. Son rôle consiste donc à faire passer la passion. C'est très simple.
Avertissement : Il serait très dangereux pour tout le monde de faire passer des messages qui ne soient pas authentiques, intégrés et justes pour le récepteur. En un mot, méfions-nous des contrefaçons appelées aussi manipulations.

Ambition Passionneur : Modeste blog né le 15 septembre 2008, des amours spirituelles de Claudiogène et de Claudio Orlando (tout est possible, vous dis-je).
Son but est de changer le monde... vous avez bien lu.
En chemin il tentera d'apporter espoir et joie. De le faire sans niaiserie et sans superficialité, mais aussi, avec rigueur intellectuelle et humilité. Toujours du sérieux sans se prendre au sérieux, en quelque sorte.

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29 juin 2010

Daniel et Daniel

En plus de leurs prénoms Daniel et Daniel ont quelques points communs. Il leur faut accaparer l'attention, c'est leur oxygène. Sans le rôle de vedette, ils ne peuvent survivre. Alors, chacun à sa manière, ils fanfaronnent, ils occupent l'espace, ils aimantent les "bon public". Pas dans le même style, ils ont été beaux gosses dans leur jeunesse et les succès faciles leur ont fait croire des choses qui empêchent de se construire. Spécialistes en apparence et bouffonnerie, ils font illusion longtemps auprès du plus grand nombre. Seuls quelques éclairés flairent l'arnaque mais n'en disent mot, leur ridicule les a déjà tués et les sages refusent toute compétition.
Quand Daniel et Daniel se retrouvent ensemble dans la même assemblée, que croyez-vous qu'ils font ? Un combat de coqs ? Pas du tout. Ils ouvrent chacun leur feu. Ils s'évitent. C'est le public qui navigue de scène en scène.

Daniel Armani est ainsi baptisé à cause de son habitude à toujours expliquer où il a acheté ses vêtements, combien ils coûtent et la réduction qu'il a pu obtenir, lui, qui sait si bien se débrouiller.
Un mélange de Delon et de Renouvin, (mais qui connait Renouvin ?), il est bobo depuis bien avant l'invention du terme. Dédaigneux avec le petit peuple, il pousse le mépris jusqu'à le valoriser aux yeux des autres, comme un châtelain ferait copain-copain avec les jardiniers.
Il est cultivé et sait le montrer et le démontrer. Il méprise les "congés payés" qui prennent l'Autoroute du Soleil et va trainer son pull marin rayé du côté de Belle-Île parce que le prix de la traversée, ça trie son monde. Lorsqu'il vous raconte sa vie, tendez bien l'oreille, avec tout ce qu'il a fait, il a 150 ans. Prenez-le en défaut de mensonge qu'il en rigole, fier de son effet. Et le public féminin ne l'en trouve que plus charmant tant il est faillible.

Daniel Route 66 doit son surnom à un voyage qui l'a tellement émerveillé qu'à chaque rencontre, il vous refait le récit de ses aventures. Si celui-ci n'était pas fluctuant, on s'en lasserait. Mais un baratineur professionnel, volontairement ou pas, se doit de faire de l'effet ; aussi, il aménage.
Sosie cultivé du grand Johnny, il parle fort et a un avis sur tout. Et quel avis ! Celui de la rue, conclusion, jugement, ressenti. Ne comptez pas sur lui pour argumenter, parce que "Moi je te le dis" aime à répéter "que c'est comme ça et pas autrement". Quelques blagues salaces récurrentes lui servent de guide et l'approbation par le ricanement de réconfort. Les phrases toutes faites, c'est son vocabulaire. Il est du genre à s'amuser en mettant le serveur mal à l'aise parce que c'est lui qui paye.
Et il ne se laisse pas faire le rocker, une encyclopédie d'anecdotes où il a su se faire respecter atteste de ses exploits. "Alors là, je lui ai dit..." est un héros, à croire que le Bon Dieu l'envoie pour redresser ce monde tordu à coups de santiags.
Lorsqu'en bon cow-boy il a vidé le whisky, là, on atteint des sommets. Car Monsieur philosophe. Oublier toutes vos références, toutes vos humanités, car la Vérité surgit, elle est là, à portée de main et vous ne l'aviez pas vu. C'est le Messie en personne qui vous fait la leçon. Et les larbins applaudissent.

Daniel et Daniel sont des caricatures. On serait indulgents avec leurs égos s'ils ne polluaient pas tout ; le temps, l'espace, les relations, tout vous dis-je. Ils sont pitoyables et imbuvables. Et tant qu'il y aura des médiocres pour leur faire la claque, ils séviront.
Les ridiculiser serait trop facile et vous rangerait illico dans le camp des jaloux ou celui des méchants. Alors, prions pour eux, c'est tout ce qu'il nous reste. Prions pour eux, pour qu'enfin ils nous foutent la paix.

28 juin 2010

Le stade Jean Carillon

C'était un terrain de foot enfoncé dans la forêt qui embrassait la ville. L'hiver, participer aux entrainements du soir était héroïque. Car après avoir parcouru trois kilomètres à pied, il fallait s'aventurer dans le dernier cul-de-sac, noir, bordé de jungle, fantômes et agresseurs potentiels. On fait le fier à 13 ans mais on court vite. La peur ne nous faisait jamais reculer, pas plus que le froid, la pluie et les blessures. La passion avait ce prix, pris au sens de récompense.
Le portail du Stade Jean Carillon nous accueillait pans fermés, toujours. Noir, immense, l'air renfrogné, il avait des pics sur la tête. N'importe quel gamin normalement constitué aurait fait demi-tour en hurlant. Mais les passionnés ne sont pas normalement constitués. Il suffisait de secouer un peu le fer forgé pour alerter de son arrivée. Aussitôt, deux molosses arrivaient, leurs aboiements nous terrorisaient et leur gueules tâtaient du barreau dans le but certain de se faire des footeux en herbe. Il fallait reculer. A ce moment-là, apparaissait le gardien. Un géant bourru, yeux vairons et regard torve, il zigzaguait jusqu'à nous, son amour du litron en aurait fait un bon dribbleur. Immanquablement, il nous demandait si nous étions sûrs qu'il y avait bien entrainement aujourd'hui. Il finissait toujours par ouvrir en nous recommandant de ne pas foutre le bordel comme la dernière fois et de laisser propre. Alors, les clébards se calmaient.
La notion du propre est, parait-il, relative. Soit. Son propre à lui, était bien dégueulasse et le poêle qui faisait rond central dans le vestiaire n'avait jamais fonctionné. Quant aux douches, elles voulurent bien, une fois ou deux, nous gratifier de quelques gouttes d'eau feignantes et glacées.
Le vieil ermite était employé municipal mais, contrairement aux gardiens de square, il avait ses deux bras dont il se servait très peu pour la communauté. Mais la mairie communiste faisait du social et comme le grand pays frère de référence, elle occupait les petites gens... à se réchauffer au Préfontaines et à effrayer les gamins. 
Nous ne trainions donc pas dans les vestiaires, l'objet de nos désirs, le paradis se trouvait une cinquantaine de mètres plus haut. C'est le soir que le terrain de foot était le plus en beauté. Qui n'a pas senti l'ambiance d'une fine pluie d'hiver visible sous les feux des projecteurs douchant tendrement des gamins au cœur gros comme ça qui se foutent du monde entier, pour offrir leur fougue à un ballon mal gonflé et des coéquipiers plus frères que ces feignants restés à la maison, n'a rien connu ; toujours il lui manquera quelque chose.
Quelle fierté d'arriver sur cette pelouse mal tondue, ces lignes pas toujours droites et ces mesures approximatives. C'est chez nous. Depuis le semblant de vestiaire jusqu'à la scène, une petite montée goudronnée nous laissait le temps de bien taper du crampon, de rentrer dans notre personnage. Nous exagérions le frottement, les traces sur le bitume en attestaient et à la manière des petits caïds de la ville qui tapaient du talon pour bien montrer au bourgeois qu'ils avaient équipé leur boots, comme fers à sabots, nous nous entrainions à frimer.

Un jour, on ferma le stade Jean Carillon. Peut-être le factotum avait-il succombé à ses bitures ? Toujours est-il qu'on transféra nos matchs et nos entrainements du côté d'un quartier neuf. Un terrain, quelle horreur, en stabilisé, ce sable-gravier qui arrachait les cuisses des plus vaillants et aveuglait tout le monde les jours de vent. Coincé entre les rues Jacques Duclos et Pablo Neruda, nous ne risquions rien. Encadrés, chouchoutés. Même pas peur du gardien. Même pas froid et même pas sale.

Qu'ils sont tristes les chemins droits, les terrains plats, les lieux policés !

PS. Mon moteur de recherche m'apprend que le Stade Jean Carillon est devenu un complexe sportif moderne. Tant mieux.

27 juin 2010

La page Blanche du Dimanche

Tous les dimanches ici, c'est  Page Blanche. Chacun gribouille ce qu'il veut.

26 juin 2010

Les femmes sont plus belles dans les aéroports

Déjà paru chez Claudiogène le 20 février 2008

Les femmes sont plus belles dans les aéroports.
Et les larmes plus chaudes aux portes des embarquements.
Plus luxueux qu'un quai de gare, le Terminal livre sa fonction en disant son nom.
Les portes coulissantes guillotinent les couples et séparent les passions.
Coupleret.
Exécution... publique.
Place de Grève, souvent des grèves. Pour pendre l'heure, l'air est grave.
La sentence est toujours la même.
L'un s'en va et c'est souvent le même.
L'autre reste et c'est souvent le même.
L'un aime et le dit. L'autre le dit aussi.
La foule désordonnée mais obéissante va se faire déshabiller, scanner, fouiller, contrôler.
Les yeux qui restent, chauffent. La porte coupe le fil et l'être aimé est un autre, différent, indépendant.
Après quelques ballets d'essuie-glaces, les bras finissent par retomber et faire demi-tour.
Les femmes sont plus belles dans les aéroports, même celles qui restent.

L'un part, vers le possible et l'autre reste, dans le vide.
Un esprit s'occupera l'esprit quand impatient patientera.
Paradoxe absurde : "Pourquoi tu m'abandonnes ?" a dit le voyageur.

Les femmes sont plus belles dans les aéroports, même celles des autres.

Seule note d'espoir subjectivement interprétée :
On prend l'avion pour prendre l'air, comme un espace de temps défini.
Quand en bateau, on prend le large, le retour n'est pas garanti.

Les femmes sont plus belles dans les aéroports.

25 juin 2010

Une humeur, pas une analyse.

Lorsqu'on constate que des équipes de football historiquement fortes, quittent la Coupe du Monde dès le premier tour (La France, l'Italie) on ne peut s'empêcher de penser au déclin de l'Europe.
Quand dans le même temps, on voit les taux de croissance insolents et le dynamisme de certains pays (Inde, Chine...) et leur implantation dans des régions et des continents (Afrique) jadis "terrain de jeu" des Européens, on ne peut s'empêcher de penser au déclin de l'Europe.
Quand on voit le Brésil et la Turquie jouer un rôle de médiateur diplomatique là où les vieux pays n'ont plus aucun crédit, on ne peut s'empêcher de penser au déclin de l'Europe.

Sport, Économie, Politique, Quoi encore ? On ne peut pas dire qu'on ne les avait pas vu venir. Mais on a vécu sur nos acquis, notre histoire, nos valeurs.
Et on n'a pas fini de faire du déni. Pendant ce temps-là les autres avancent.
Quand on voit son bien s'effriter, on s'accroche, on le protège, guidé par la peur. Au lieu de libérer les énergies, de foncer, guidé par l'espoir, la vie. Dogmatiques et vieux, on s'endort, on va finir musées et maisons de retraites. On se cloitre, on ferme les volets, on se sclérose. On se rassure avec la matière grise, le terroir et le TGV, on oublie qu'on empile des administrations, des commissions, des parlements, des sommets et des réunions bilatérales. Quel poids !
Et le responsable de cette inertie, c'est chacun de nous. Nos gouvernants font ce qu'ils peuvent avec des peuples frileux. Dès qu'on veut bouger quelque chose, tout est impossible.

Toujours les mêmes freins qu'il s'agisse d'individus ou de structures : La Peur et l'Orgueil.
Pendant ce temps-là...

24 juin 2010

L'Amour à trois

"Ne faisons plus l'amour"
Raymond lança la phrase comme une révélation qu'il voulait partager, un acte héroïque pour sauver l'humanité, un cri de ralliement derrière une mission devenue évidente.
Encore une croisade à mener, se dit-il. Il était l'Élu, celui qu'on avait désigné pour apporter la bonne parole.
Il avait toujours accordé plus de crédit à la valeur d'exemple qu'au diktat. Aussi, il modifia sa lettre de mission. Je ne ferai plus l'Amour, criait-il dans les rues.
En ces temps de retour à l'ordre moral et de puritanisme décomplexé, il ne choquait plus grand monde. Dieu merci, ses contemporains n'étaient pas prêts à le suivre dans la voie de l'abstinence et cela ne leur demandait aucune réflexion. La messe était dite, ils continueraient de forniquer, injonction divine ou pas.

C'est par un appel alarmiste que l'épouse fut informée de la démence qui frappait son compagnon.
Inquiète et honteuse à la fois, elle comprit vite, aux yeux exorbités de l'hérétique, que le calme et le dialogue s'imposaient à la situation. Monique lui fit malicieusement remarquer que depuis quelques semaines, il avait déjà mis en pratique ce qu'il décidait aujourd'hui. Il avait eu du flair, du nez, de l'intuition.
Après quelques encouragements à expliquer la radicalité de la décision, elle finit par comprendre où voulait en venir le sauveur de l'humanité, le rédempteur de nos vies dissolues et de nos galipettes bestiales.

Ne plus faire l'amour ne signifiait pas du tout la même chose dans son esprit ou dans celui du quidam ordinaire. Deux éléments fussent-ils corps complices, pièces de puzzle imbriquées à la perfection, âmes sœurs et moitiés uniques, ne pouvaient suffire à enfanter le monde d'une passion nouvelle, d'un idéal supérieur, d'un avenir paradisiaque.
Un troisième élément s'imposait. Il fallait désormais que chacun comprenne bien qu'il fallait faire l'amour à trois.
Une curiosité teintée d'inquiétude et de gourmandise troubla la dame. C'est le moment que choisit le messager de Dieu pour dérouler son parchemin, dans un état d'excitation qui rendaient ses paroles confuses. Heureusement, ses gestes et ses mimiques traduisaient parfaitement le contenu du message :
"Tu comprends ? C'est fini toutes ces simagrées. Plus personne ne fera l'amour, tout le monde sera l'amour. Mieux. Fini ces histoires de partage, d'échange et de mutualité. C'est l'Éternel qui fera ciment. C'est le troisième homme, l'onguent salvateur, l'agent médiateur, le trait d'union indispensable, le guide aux voies pénétrables. Plus aucun ébat de cour ou de caniveau, à voile ou à vapeur, ne se fera sans l'omniprésence de la puissance divine du Seigneur. Vois-tu..."

Le coup ne partit pas tout seul. C'est sciemment et froidement que Monique appuya sur la gâchette.  Depuis son retour de Saint-Jacques-de-Compostelle, Raymond était plus qu'inquiétant. Son mysticisme se transformait en délire permanent et chaque réveil accouchait d'une idée farfelue nouvelle. Il venait d'inventer l'amour avec amour. Quel imbécile ! Il aurait mieux fait de se mettre au boulot, la théorie ça suffit pas pour monter aux rideaux.
L'avocat plaida l'euthanasie. L'actualité et l'opinion publique aidèrent à l'acquittement. Puis, tous les hommes du village, par charité chrétienne, se sacrifièrent chacun leur tour pour rendre la veuve plus joyeuse que jamais.

23 juin 2010

De la paille et de la poutre

- Hervé trouve scandaleux que le convoi Présidentiel se moque des règles de circulation. Et il s'apprête à perdre ses derniers points de permis pour excès de vitesse.
- Malika a été outrée d'entendre qu'une ministre mettait son appartement à la disposition de son frère et trouve un peu fort de café que sa sœur à elle mette autant de temps à lui payer l'appartement HLM qu'elle lui sous-loue.
- Ernest ne décolère pas depuis l'annonce du coût d'un jet privé loué par un ministre. C'est son employé qui lui a appris la nouvelle, le petit Guillaume, celui qu'il paie de la main à la main.
- Yannick crie à l'atteinte à la démocratie. On lui a dit que les journalistes de la première chaine étaient à la botte du pouvoir. Mais pour rien au monde il ne raterait la finale de Khô-Lanta.
- Pedro est dégoûté par le foot-business et il n'a pas peur de le dire dans son maillot de l'Équipe de France.
- Laurence défile contre les marées noires, un pétard à la bouche.
- Denise gueule contre les impôts et la pauvreté. Avant elle gueulait contre la police et l'insécurité. Demain, elle gueulera contre le travail et le chômage.
- Albert veut sauver l'emploi en France et commande son foie gras en Hongrie.
- Bérengère dit que la maison de Dieu est ouverte à tous et... la ferme à double tour.
- Lucien est contre le travail au noir sauf quand c'est vraiment trop cher.
- Martine déguisée en magasin de luxe trouve que notre société est vraiment bling-bling. C'est sans doute le miroir qui le lui dit.
- Solange n'aime ni les étrangers, ni les a priori. Elle ne ment jamais sauf. Elle ne triche jamais jusqu'à une certaine limite.
- Claudio préserve la couche d'ozone mais refuse d'économiser sur le nombre de clics sur son moteur de recherche.

22 juin 2010

Un vieux drap de coton blanc

C'est un vieux drap de coton blanc à la bordure ajourée. Il est lourd et pourtant frais. Deux grosses initiales sont brodées en haut et au centre, à l'endroit où, le repliant, les lettres peuvent trôner. A et V. Comme un blason, elles donnent à la pièce entière une prétention involontaire et une fierté de propriétaire. Son contact est rêche et agréable. La mémoire s'en imprègne pour toujours.
Il aurait pu sortir d'une malle familiale, aurait traversé les générations, côtoyé les sachets de lavande et fricoté avec l'amidon. C'est sans doute ce qu'il a fait d'ailleurs, mais son pedigree n'était pas livré avec, le jour où le brocanteur s'en débarrassa.
Qu'a-t-il connu ? Des amours, des déflorations, des adultères, des ronflements, des cauchemars, des accouchements, des viatiques, des crimes peut-être. Nous ne le saurons jamais.
Nous le sortons l'été, sans cérémonie mais avec soin. Son poids concret est aussi abstrait, chargé à coup sûr. Mais il nous fait des nuits légères, apaisantes.
Nous pourrions nous amuser à l'infini à lui inventer des propriétaires, mais par pudeur nous refusons. La peur de percer un secret, de violer une intimité ou de briser l'émotion, nous retient.

C'est le seul drap que nous repassons en totalité sur une seule épaisseur. L'opération prend un bon quart d'heure. Ce n'est plus du repassage, c'est une prière. On s'applique, on bichonne, on caresse du fer. On respecte, on rend le plaisir qu'on y prend. On ne repasse plus, on danse, on va, on vient, en douceur, en langueur.
Avant de le plier, on l'étale, qu'il se repose, qu'il laisse échapper ses vapeurs.
Altier sans être hautain, il accepte sa place dans l'armoire ordinaire, parmi les draps de basse condition, issus de semaines du blanc et autres parures en lots. Comme une favorite ne jalouse pas les pimbêches de faubourgs, il attend son tour, sage et sûr de ses attraits. On s'en sert moins souvent mais toujours intensément.

C'est un vieux drap de coton blanc signé AV.

21 juin 2010

Leader Nice

Il est 19h 35. Je cherche à garer mon véhicule. Le supermarché ferme ses portes. Les containers de poubelles sont déjà dehors. Trois femmes y plongent la tête. Un frisson me traverse le corps des orteils au cuir chevelu.
Je passe.
Le temps de réaliser la chose, que je repère une place de stationnement en face de l'autre supermarché de la rue.
C'est long le temps d'un créneau. Très long.
La scène, je l'ai déjà vue à la télévision mais là, elle prend un poids supplémentaire. Cela se passe dans la rue voisine de la mienne et je me dis que, sans doute, tous les soirs c'est pareil.
Devant ces containers-ci, elles sont une petite dizaine. Foulards sur la tête et robes amples et couvrantes, elles semblent sorties d'un film en noir et blanc. A première vue, on dirait que ce sont des femmes venues des pays de l'Est, Tchétchènes ou Albanaises, Roumaines ou  Kosovares, on ne sait pas et c'est sans importance.
Dynamiques, vives et de toute évidence expérimentées, elles fouillent, piochent, trient. La rue est respectée, rien n'est laissé au sol.
Cinq ou six petites filles d'une dizaine d'années, copies en miniature de leurs aînées, font le va-et-vient entre les containers et la ruelle d'à côté. Là, d'autres femmes attendent et rangent les produits récupérés dans des chariots de courses de ménagère, alignés contre le mur. L'organisation est parfaite. L'efficacité est certaine.
Les frissons ont un avantage sur les haut-le-cœur, ils passent plus vite. Car aussi choquant que cela puisse paraitre, j'ai vraiment l'impression de voir un documentaire animalier ; les vautours affamés s'abattent sur des carcasses.

Le lendemain, à quelques centaines de mètres de là, les restaurants débordent. Des queues se forment même, estomac en attente. Les cartes postales sur les présentoirs du trottoir d'en face ne connaissent ni containers, ni slaves en détresse.

Et la classe moyenne se permet encore d'aller au restaurant, de se plaindre de la crise, de gueuler contre les riches, de chipoter pour quelques mois de travail en plus dans une carrière, de défiler pour des acquis d'une autre ère.Quelle indécence ! Quand on va au restaurant, quand on part en vacances, quand on a un emploi protégé, quand on a un virement automatique chaque fin de mois, par les temps qui courent, on a la décence de la fermer. Si vraiment ça la démange la classe moyenne de l'ouvrir, qu'elle le fasse pour les pauvres, pour les crève-la-dalle, les démunis, les précaires, qu'elle défile pour réclamer le partage, elle nous évitera frissons, haut-le-cœur et dégueulis.

20 juin 2010

L'assassine

La Smart n’hésite pas. Elle est en double file, comme chez elle. Habituée du lieu, elle ne baisse pas les yeux, elle brille, sans scrupules. Comme un chasseur de grand palace, elle ouvre sa porte avec délicatesse. Deux jambes longues et fines s’éclipsent en un mouvement de ciseaux destiné à couper le souffle du passant. Les ballerines au sol, le touchent à peine. Tout là-haut, la robe à pois verts et bretelles s’approprie la rue. Autour tout est flou.

Le passant ne passe plus. Il se fige. Le tendon d’Achille fin et délicat anesthésie la pensée. L’œil remonte pour vérifier que la clavicule est de la même famille.

Une princesse.

De la Smart à la poissonnerie, il n’y a qu’un pas.  Un pas de défilé. La robe et la princesse sont les seuls mouvements du trottoir. Et quels mouvements ! Une courbe de Matisse, un pinceau au bout d’un manche, une symphonie légère, une vague ondulante. Le silence est princesse.

Les poissons dans la glace ressuscitent et frétillent. Les hommes frétillent et pourraient en mourir.

Un index, un majeur et un pouce soulèvent lentement la paire de Prada. Les lunettes de soleil à cheval sur un nez d’une beauté unique, ont la générosité de nous ouvrir les volets.

Lorsqu’on a vu ces yeux, on ne connaît plus rien. Oubliés la Smart, la robe, les ballerines et l’élégance.

Plus rien n’existe. Nous entrons dans un monde sans adjectifs. On veut essayer mais rien n’y fait. Aucune description ne sera parfaite. Des yeux caramel ? Des braises glacées ? Des billes « crème brûlée » ? Non. Rien. Rien qui puisse se dire avec des mots.

Alors l’émotion, avec le peu de souffle qu’il lui reste, invente des yeux « Werther’s Original ». C’est malin mais cela reste loin du compte.

- Madame, vous avez de très beaux yeux « Werther’s Original »

Non, c’est impossible. Alors on se tait. On meurt pour quelques minutes en rêvant qu’on lui aurait bien fait un enfant. La frimousse blonde qui gigote dans la Smart prouve que ce serait possible.

La princesse commande une sole.

Une sole ? De la sole pour une princesse ? Comment est-ce possible ? De l’or fin, des diamants, des soleils, des étoiles et des Werther’s Original, pourquoi pas. Mais de la sole…

- Une seule sole ? demande la poissonnière.

- Oui, car mon mari est allergique.

Quoi ? Un mari pour une princesse ? Allergique en plus. Ce monde est injuste.

Le palpitant au zénith et l’action paralysée le passant se statufie. C’est le moment que choisissent les Prada pour retomber sur le plus beau nez du monde. L’estocade est portée. Le passant s’écroule.

La Smart ravale la mangeuse de soles, assassine d’âmes sensibles, et file vers d’autres horizons, vulgairement allergiques.

20 juin 2010

La page Blanche du Dimanche

Tous les dimanches ici, c'est  Page Blanche. Chacun gribouille ce qu'il veut.

Aujourd'hui, c'est moi qui commence. En racontant ma journée de samedi :

En fin d'après-midi, je passe saluer mon ami Patrick Mottard sur son stand du Salon du Livre. J'étais passé la veille sans succès, il participait à un plateau radio. Plus tard, j'étais passé sans pouvoir m'arrêter tant la foule des fans était compacte. Les grosses vedettes médiatiques du Salon ne faisaient pas mieux. Je finis par me faufiler et obtenir ma poignée de main.

Heureux homme, il me fait part du plaisir qu'il a à participer à cette manifestation. Il ajoute "Si je peux me permettre un conseil, écris un bouquin et présente-le ici, tu passeras des journées formidables". Je n'ai pas eu le temps de lui répondre alors je vais le faire ici :

"Écoute Patrick, je viens de passer une journée formidable et sans avoir besoin d'écrire un bouquin. Ce matin, j'étais sur la plage à relire Marc Aurèle grâce à un supplément du Philosophie Magazine que m'a envoyé mon ami Didier. En début d'après-midi, j'écoutais Régis Debray interviewé par Franz Olivier Giesbert au Salon du Livre. De là, je filais au CUM pour écouter Claude Allègre interviewé par... par le même FOG. Quel bonheur de s'approcher de l'intelligence ! J'étais aux anges, un enfant bouche bée. C'est vraiment beau l'intelligence ! Et comme un point final j'ai le plaisir d'être là. Voilà Patrick des journées formidables comme celle-ci, j'en voudrais tous les jours. Et l'intelligence à tous les coins de rue aussi. Demain je serais bien allé écouter Max Gallo au même CUM, mais les futurs vainqueurs de la Coupe du Monde jouent à 16 h et je serai devant ma télé. Un samedi formidable, Patrick, assurément"

19 juin 2010

Deux expos à recommander

La première est l'expo Photos de notre amie Barbara à Beaulieu-sur-mer dans la belle et grande Chapelle Sancta Maria de Olivo.
Le concept est très original. Un voyage en Inde pour Barbara et un voyage à New-York pour son co-exposant Maxime. Ils ont décidé d'associer par deux, des photos évoquant le contraste flagrant entre deux cultures.
Je laisse le soin aux exposants d'alimenter le blog dédié en photos et je vous invite, soit à vous y rendre, c'est jusqu'à fin juin, soit à visiter le blog "De l'inutile à l'essentiel".
Avant-hier, le vernissage était très réussi. Merci à eux.

Vous trouverez un bien joli billet concernant cette soirée chez Louis-Paul


La seconde expo se tient à la Galerie des Ponchettes à Nice. Il s'agit de photos d'artistes Niçois légendées par leur définition de l'Art.
Voici quelques photos. Vous pouvez trouver l'intégralité des phrases sur le blog de notre amie Dominique, qui m'a donné envie d'y faire un tour.

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18 juin 2010

Arrogant

Arrogant. C'est le mot à la mode pour désigner quelqu'un dont le raisonnement nous dépasse.
On entend ça partout, à toutes les sauces.
Au lieu de louer l'intelligence d'un propos qu'on ne saisit pas, on traite son auteur d'Arrogant.
Pour peu qu'on soit un peu structuré, on est arrogant. Où va-t-on ?

Aveu de faiblesse peut-être, ou de médiocrité. Pour ma part, je ne trouve personne arrogant. Je pense que chacun peut s'exprimer comme il l'entend. A moi de trier, pas de juger. Que le comportement d'untel m'apparaisse erroné et j'essaierai de le démontrer par un argument, sinon je m'abstiendrai. A quoi me servirait-il de traiter la personne d'arrogant ? C'est humiliant et cela peut atteindre l'Être.

J'ai déjà parlé ici de la démagogie galopante consistant à dénigrer tout ce qui ressemble à de l'intelligence. Nous sommes ici dans le même registre. Car jamais personne n'a vu qu'on traitait un imbécile d'arrogant. C'est, bizarrement, toujours un esprit plus intelligent ou plus mature ou plus évolué qu'on cherche à rabaisser.
Rabaisser quelqu'un n'a jamais élevé personne. Le perdant-perdant, ça existe aussi.

Ce serait tellement plus beau, plus généreux, plus fraternel, plus constructif que d'écouter, s'informer, prendre et apprendre, analyser, chercher, s'informer... s'élever par la pensée de l'Autre même si on n'est pas d'accord.

Car ce n'est pas parce qu'on ne comprend pas quelque chose que c'est faux.
C'est même l'occasion qui nous est offerte d'évoluer, plutôt que de stagner en exprimant une critique, ciblée sur l'individu, et pas sur ses propos. Ce serait l'occasion d'échanger et de construire.
Qu'elle serait belle cette société apaisée, pacifique et fraternelle !

Comment la créer si on ne commence pas par soi-même... quelle que soit l'action de l'Autre.

17 juin 2010

Le chewing-gum

Il nous plaisait bien cet appartement. Bien rénové. Dans notre budget. Un quartier que nous connaissions peu mais que nous avons vite apprécié. Et surtout une cave ; nous y tenions.
L'agent immobilier a vite senti notre intérêt et a su communiquer sobrement, la vente forcée étant, chez certains, contre-productive.

Après quelques jours de réflexion, nous fîmes, comme c'est l'usage, une offre écrite.
Comme par un tour de passe-passe encore inexpliqué, la cave avait disparu du descriptif de vente. Quelques coups de téléphone entre l'agent et son client et une patience feinte, firent réapparaitre la cave.
Ne cherchons pas à comprendre. Elle est là. Mais la confiance commençait, elle, à filer.
Et notre offre ? Un peu gonflé ! dit la grimace assise au bureau, surtout avec une cave en plus. La grimace faisait son travail de comédien mais n'avait pas la main.

Une heure plus tard, l'offre était plus qu'acceptée. Réduite même. On nous propose encore moins cher. A une condition.
- Donc ce sera X Francs, mais alors, il y en aura "tant" en chewing-gum.
Il nous prend pour des Américains. On n'est pas très Hollywood dans la famille.
Et surtout on ne comprend pas. Et dès qu'on comprend, on ne veut pas avoir compris.
Les mimiques d'en face insistaient et devenaient de plus en plus explicites.
Il fallut se rendre à l'évidence, il s'agissait de black, de noir, de dessous-de-table, de la-main-à-la-main, en un mot de fraude.
Le refus fut catégorique.
Nous nous levâmes.
On nous retint.
Et la discussion fut ouverte cette fois. Complètement ouverte.

- Mais, comprenez, tout le monde fait ça. Mais, vous vous rendez compte que vous allez perdre 30 000 Francs ?
- Ça ne se discute pas, Monsieur.
Nous ne perdîmes rien du tout, on ne peut perdre que ce que l'on a. Nous fîmes l'acquisition d'un bien qui nous convenait à un prix plutôt en dessous du marché et nous restâmes honnêtes.
A chacune de nos visites, l'agent répétait qu'il n'avait jamais vu ça. Est-ce vraiment possible ?
Il avait eu vent de nos difficultés professionnelles et m'avait proposé de devenir son associé. Il l'avait justifié par le bon contact humain qu'il me prêtait, la qualité de mon expression écrite et orale et mon sens de la négociation. Cela ne pouvait suffire, j'insistai. Le respect des lois et l'éthique furent avancés.
- Si vous appréciez ces valeurs, pourquoi ne pas commencer par vous les appliquer à vous-même ? Et surtout, comment pouvez-vous imaginer que je puisse m'associer à un trafiquant de chewing-gum ?
Aujourd'hui encore, dix ans plus tard, lorsque je le croise dans la rue, il continue à me regarder comme si j'étais un extraterrestre. Il n'ose pas me demander ce que j'ai bien pu faire professionnellement, mais ça doit l'intriguer.

Il ne sait pas, le pauvre, qu'on peut vivre de conscience, d'amour et d'eau fraiche.

16 juin 2010

Défaut d'analyse

Il a écrit une lettre que je suis censé vérifier avant envoi.
Il se dit nul en orthographe et en "écrit". J'ai plutôt la réputation de faire peu de fautes et de savoir "tourner les phrases".
Aussi, Il me fait confiance.
Me faisant confiance, il n'a pas besoin de se faire confiance à lui. (Mais nous en parlerons plus tard)

Je relis le courrier et je constate qu'on peut scinder la lettre en trois parties égales :
Première partie : L'écriture est ferme et assurée. Les phrases sont correctes et simples. L'idée est bien exprimée et limpide. Aucune faute.
Deuxième partie : La plume fatigue. Des mots en trop cherchent à montrer qu'on sait écrire. Le propos s'embrume. Quelques fautes d'orthographe sont faites, mais corrigées.
Troisième partie : Le stylo se force et la calligraphie s'en ressent. Les lettres se referment et les mots s'entortillent. Le vocabulaire est moins précis. A la lecture, on perd le fil. Et l'orthographe est désastreuse, y compris sur des notions basiques ; la phonétique prend même parfois le dessus.

Fort de ce constat, je l'exprime à l'intéressé et lui demande ce qu'il en pense.
Il commence par répondre à côté.
- Je vous l'avais dit que j'étais nul.
- Ce n'est pas ce que j'ai dit. Que pensez-vous de cette évolution dans l'écriture ?

Il plonge sur la feuille et cherche les fautes. Il veut savoir où est le problème. Un participe ? Un accord ? C'est sûr, c'est un accord...
Je propose de sortir de la lecture du courrier pour s'attacher à l'analyse.
Un peu perturbé, Il s'en fout de l'analyse. On va pas parler trois heures de ça. Il suffit de corriger les fautes et c'est tout.
La panique n'est pas loin.
Pourtant, on ne peut pas laisser passer l'expérience. Il faut s'en servir.
Mais Il est trop loin. Il a perdu pied. La confiance qu'il n'avait pas, puisqu'il l'a donnée à l'Autre, s'éloigne encore plus. Et cet Autre par ses "raisonnements tarabiscotés" le renvoie à sa médiocrité, à la certitude de sa médiocrité.

Je finirai par expliquer moi-même l'analyse. Puisque la meilleure des solutions n'est plus possible.
Nous n'avons pas ici de problème avec l'orthographe, ni avec le français et l'écriture. Nous n'avons qu'un problème de concentration. En travaillant sur la concentration, on n'aura pas à travailler sur l'orthographe. La première partie est parfaite. En tenant la distance, on fait un courrier parfait sans avoir à assimiler de compétences supplémentaires. Elles sont là. On a seulement à chercher au bon endroit.
Une meilleure concentration donnera de meilleurs résultats qui... etc. etc. Le cercle vertueux est amorcé.

Conclusion. Il y a des leçons qu'on ne peut pas laisser échapper. Nous avons le devoir de ne pas céder à la facilité. Il nous faut travailler à l'endroit du problème et pas ailleurs et ne pas dire ce que l'Autre veut entendre, mais dire ce qui lui fera le plus de bien.
C'est assez courant de rencontrer des personnes qui refusent d'analyser les situations, pressées qu'elles sont de trouver des solutions et de cacher leurs carences. Notre devoir c'est de leur montrer qu'elles en sont capables et qu'elles se porteront mieux en adoptant de nouveaux comportements.

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