Défifoto : A table
Incroyable !
Avec une expérience dépassant le demi-siècle, je suis devenu un expert en timidité.
Pourtant.
Là. J'avais ma photo du Défi sous les yeux et il fallait que je la prenne. Mais aucune condition favorable pour moi. Une petite rue du Vieux-Nice, étroite, des terrasses de café de chaque côté, bondées. Des gens partout.
Si je m'arrête et prends la photo, je vais passer pour un voleur voire un voyeur.
Alors, je prends mon courage à deux mains et je m'approche : Bonjour. Est-ce que je peux prendre vos chapeaux en photo, sans vos visages, je vous promets ? Je les ai vus leurs visages et je peux vous dire que c'est dommage de ne pas vous les montrer. Faites-moi confiance. Trois très jolies jeunes femmes souriantes, agréables et la moitié de mon âge (chacune). Cosa dice ? Dice che vuole prendere una foto dei cappelli. OK. Je continue en italien sans savoir si cela joue en ma faveur. Et les voilà, comme des Italiennes à vouloir se mettre en scène. Autour, tout le monde s'approche, regarde. Vu mon appareil photo, ils n'ont pas pu penser que je photographiais des vedettes. Disons que chacun a dû profiter de l'occasion pour regarder le trio de jolies femmes sans plus retenue. La brune a compris que je voulais seulement les chapeaux et veut l'enlever. Il se coince dans les cheveux. No, no. Sulla testa. Ah, OK ! Scusi. Le timide est toujours sous le regard de la foule à appuyer sur ce bouton qui ne se déclenche pas. C'est comme ça les appareils à trois sous, quand ils ont besoin de flash, ils réfléchissent pendant trois plombes. Enfin. C'est fait. Je montre la photo afin qu'on vérifie bien que les visages sont restés secrets et je remercie. Fin de la minute de gloire. Le timide a sa photo et c'est le principal. Elle ne souffrira d'aucun recadrage. Elle est là.