Rite d'automne
De mémoire, ça a débuté en 1985. Chaque début d'automne, je ramasse un marron par terre.
En général, il est parfait, lisse, gros et lourd. Solide comme un adulte et pourtant il est tout neuf.
Je le prends dans la main et le manipule comme un anti-stress, comme un chapelet, comme une amulette. Alors, il se met à briller, à montrer des nœuds. Parfois, je le crois en bois.
J'ai toujours pensé que c'est un marron que Mitterrand cachait dans la poche gauche de sa veste.
Donc, sans le chercher, tous les ans, je ramasse ce marron. Au bout de quelques semaines, je le perds, je m'en détache et j'attends l'automne suivant.
Il m'arrivait dans le passé de l'offrir à mes enfants.
Cette année, j'en ai ramassé un second, cette semaine. J'avais dédié le premier, fin septembre, à ma petite-fille.
Tous les deux ont été ramassé au Bois de Boulogne près de l'hippodrome de Longchamp.
Je sais bien que c'est idiot. Mais je sais aussi que c'est seulement aujourd'hui que je me rends compte que je le fais chaque automne... sans le vouloir.