Les fouilles-merde d'aujourd'hui
(Que ceux qui se considèrent comme des journalistes ne prennent pas ombrage du modeste billet qui suit)
Je trouve que l'époque révèle facilement les fouilles-merde. Certains n'ont jamais aussi bien porté leur surnom péjoratif.
La moindre tête qui sort de l'eau, la moindre réussite, le moindre éclairage sur un front et hop c'est la grande artillerie. On salirait le plus pur des individus. Et comme Monsieur Tout-Blanc n'existe pas, quand on cherche, on trouve.
Un écrit trentenaire, une interview du siècle dernier, un témoignage de la maitresse de maternelle. Tout est bon pour faire du "papier", de l'image, du creux.
On ne parle pas ici de ce qui sert l'information, la justice, la vérité ; ça c'est rare. Les temps ne sont plus au journaliste chevalier blanc. On parle de ce qui est là pour faire parler seulement, pour empêcher, pour rabaisser, pour salir.
Pourquoi ?
Pour se faire mousser ?
Pour bien montrer que soi, on n'est pas un journaleux, on a une éthique, on va au fond des choses, on respecte sa carte de presse, on n'est pas courtisan d'un pouvoir ?
Parce que par internet, le peuple "virtuel" s'est emparé de l'info et fait sa propre analyse et qu'on n'a donc plus rien à se mettre sous la plume ?
Pour croire encore qu'on a du pouvoir ? Pour le faire croire seulement ?
Pour gagner la compétition entre journalistes ?
Alors, si j'en parle, c'est bien que je trouve cela indécent. Médiocre.
Mais le pire pour moi n'est même pas l'action. C'est toujours le malaise que je ressens en imaginant l'individu devant sa feuille, son clavier ou son micro s'élancer pour "attaquer" un autre individu, chercher la faille et étaler l'objet sur la place publique.
En plus, les efforts des fouilles-merde sont moindres. Le modernisme les sert. Moteurs de recherche, bases de données, réseaux sociaux et autres outils perfectionnés sont tous à portée de main, à portée de moins, allais-je écrire. Aucune enquête. Aucun risque. Juste de l'exhumation. Croques-mort renversés, ils brandissent leur trophée sans aucun risque à une foule avide. Mais, de moins en moins dupe. Et c'est tant mieux.