Le cinquantenaire... de Gauche

Déjà paru chez Claudiogène le 24 octobre 2007

Le cinquantenaire de gauche est un Ravaillac qui n'a rien fait. Écartelé entre tradition et modernité, il a fait des va-et-vient constants.
Quand il se croit jeune, on le dit vieux et quand il se croit vieux, on le dit jeune.
Il pense être au milieu du chemin mais l'horizon s'approche. Il voudrait servir à quelque chose sans savoir à quoi, tant il passe son énergie à se justifier auprès des anciens et à se justifier auprès des nouveaux.
Il négocie avec son corps déjà et rend les armes souvent.
Pour ne pas se renier, il invente des formules telles que "le doute est la seule certitude" ou "être de gauche, c'est juste l'affirmer".
Il a fini par admettre les nuances et voudrait faire gagner du temps aux autres. Rigoriste à ses heures, il s'arrange avec les définitions et les aphorismes réducteurs.
Un jour, il défend Internet et le lendemain les pleins et les déliés.
Lui qui détestait les "yaka", les emploie de plus en plus.
Il croit encore que les films en noir et blanc sont meilleurs et, passant au numérique, a la nostalgie de l'odeur du fixateur lorsqu'il développait ses clichés.
Il repousse la publicité et la consommation et trouve les plus jeunes bien embourgeoisés et conservateurs.
Ancien combattant, il fait des jeux de mots pourris dont ses enfants ont honte et finit vieux con battu.
Il s'accroche à ses cheveux longs, mais ses cheveux s'accrochent de moins en moins.
Il suit toujours les conseils du guide du Routard et est toujours déçu. Il s'habille au Vieux Campeur et le regrette après. Il croit que randonner, c'est faire du sport. Attaché au service public, il est jaloux du privé. Il trouve la Côte d'Azur superficielle et voyage avec Terres d'Aventure puisqu'il peut se le payer.
Il se demande toujours pourquoi on le prend pour un prof et pourquoi, autrefois, il votait pour la FCPE.
Plus jeune, il montait les marches une à une. Désormais, il se prend pour Villepin à Matignon et avale le perron en un saut... il a des choses à se prouver.
Contrairement aux idées reçues, il ne part pas toujours avec une plus jeune, mais, il arrive très souvent qu'une plus jeune veuille partir avec lui.
Première victime des "réalités économiques" il les défend pourtant.
De plus en plus souvent, il doit refaire un C.V.  et quand il se croit fini, on l'envoie dans un atelier de remotivation pour lui faire découvrir que sous son vieux pardessus râpé, un héros sommeille.

Comments

[Barbara]

Sylvie merci! Moi qui suis nulle et pas interessee par la politique j'ai aimé ton analyse simple et neutre qui m'a fait comprendre en 5 mn ce que l'on essaie de me dire depuis 39 ans sauf que ceux qui m'expliquent ont une vision de droite ou de gauche....
Je me coucherai moins con ce soiR

[sophie]

Bien sûr que j'ai lu jusqu'au bout ce petit résumé bien vu !!

[Sylvie]

J'ai longtemps cherché la différence entre la gauche et la droite en politique et je suis arrivée à une conclusion : je ne suis ni de droite, ni de gauche et encore moins du centre, et pourtant j'adore la politique...!
Voilà ma définition, n'en déplaise à tous ceux qui passeront par ce blog :

- la droite regroupe les gens qui pensent qu'il faut d'abord de l'argent pour pouvoir équilibrer une société. Sans argent, sans entreprise, pas de travail, pas de consommation, pas d'ordre social.
D'où des décisions souvent brutales, qui peuvent paraître sectaires et qui peuvent aussi caresser dans le sens du poil des gens racistes, égoïstes, qui ne pensent qu'à leur propre profit.

-la gauche regroupe des gens, généralement beaucoup plus cultivés,qui réfléchissent beaucoup plus et qui ont un idéal sur l'égalité des hommes et la chance et le droit que chacun a à une certaine richesse. Ils veulent moins d'écart entre les couches sociales, moins d'injustice.
Malheureusement, certains vont trop loin, jusqu'à distribuer trop d'argent aux nécessiteux sans faire rentrer suffisamment de recettes ; ce qui aboutit à des dettes gigantesques et à une reprise en main du pouvoir par la droite.

-Les centristes veulent se situer entre les deux. Ils sont pour la diminution des écarts sociaux et pour une gestion financière équilibrée.
Malheureusement ils restent entre 2 chaises et se retrouvent souvent dans une posture tiède et peu décisionnaire.

-les écolos sont à la mode en ce moment et ce n'est pas sans raison car ce sont les seuls qui font passer l'équilibre du commerce, de l'alimentation, la lutte contre la pollution avant les intérêts immédiats du pays. Ils ont une vision globale de la planète et ils intègrent toutes les données.
Malheureusement ils sont souvent excessifs et passionnés dans leur démarche ce qui peut les rendre violents ou antipathiques pour certains des plus médiatiques.

J'ai été un peu longue, Sophie, je ne sais pas si tu auras le courage de me lire jusqu'au bout !

[Sophie]

Merci Claudio,
Je vais de suite me regarder dans un miroir et je vais me dire "je suis blonde" et ne pas être gênée !!
Puis je vais rester au milieu, c'est plus sûr !!

[Claudio]

Pas trop envie de répondre ce matin, Sophie tant la question a été débattue mille fois sur ce blog.
Mais là, après 45 minutes à courir sous la pluie, j'ai les idées plus fraiches.
Je propose 2 versions.
Version 1 :
Être de Gauche c'est pouvoir, face à un miroir, se regardant dans les yeux, dire "Je suis de Gauche" et ne pas être gêné.
Être de Droite c'est pouvoir, face à un miroir, se regardant dans les yeux, dire "Je suis de Droite" et ne pas être gêné.
En ce qui me concerne je peux faire la première affirmation sereinement. Impossible de faire la seconde.
Version 2 :
Être de Gauche, c'est s'occuper des plus faibles et des plus démunis en priorité.
Par conséquent, par les temps qui courent, je connais beaucoup de gens de Droite qui sont de Gauche et beaucoup de gens de Gauche qui ne le sont pas.