Je me laisse faire
Je finis deux peintures faites encore avec cette fulgurance des jours un peu plus lumineux que les autres.
Je me recule. Je regarde.
Comment ai-je fait ? C'est la question que je me pose.
Avec la même fulgurance, la réponse fuse :
Je me suis laissé faire.
Et me voilà parti dans l'analyse. Habituellement, on dit qu'on se laisse faire lorsqu'on n'agit pas, qu'on subit, qu'on est dirigé.
C'est bien l'inverse qui s'est passé. On n'a pas arrêté d'agir.
Il ne faut pas longtemps pour comprendre qu'on s'est laissé faire par son inconscient. Que l'inspiration vient de plus loin, qu'on a mis sa conscience entre parenthèses, le temps de laisser la parole à cet autre soi, qui sait ce qu'il veut. On s'est donné l'autorisation ; on s'est laissé faire.
Quel bonheur de se laisser faire par soi ! Affirmons de façon péremptoire, nous verrons plus tard si nous pouvons le démontrer, que c'est toujours par soi qu'on se laisse faire.
Depuis que conscient et inconscient cheminent à peu près ensemble, la frontière est floue et gratifiante. Du coup, je me demande si, finalement, ce n'est pas le conscient qui a peint. Et, par cheminement de pensée, j'en conclue que cela n'a aucune importance. Comme la question. Plus de question. Plus de réponse.
Plus de question. Cela ne me plait guère. Alors, cherchons la question pour avoir à chercher la réponse.
Voilà. Est-ce que ça marche aussi avec l'écriture ? Forcément.
Lorsqu'on ne trouve pas le fil de l'écrit, suffit de griffonner un mot sur la feuille, en taper un sur le clavier et le reste vient.
La preuve, je viens de le faire.
Et comme pour le tableau, on fait confiance au séchage. Demain, on y verra autre chose. On saura mieux ce que soi, on s'est laissé faire, on s'est laissé dire.
A un moment, il faut savoir stopper la machine, ranger ses tubes, ne pas juger, laisser vieillir. Attendre de voir, plus tard, ce que l'autre soi a fait.
Testons-le avec l'écrit. Rangeons le clavier. Postons et publions. Et interdisons-nous d'y revenir. Zéro tricherie.
Top départ.