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La tête sur les épaules
En voyant ses bottes, on cherche le cheval. En voyant sa toque, on se demande s'il fait froid.
Elle est de ces femmes qu'on regarde. Plus. Sur lesquelles on se retourne. Assez mince pour qu'on la croit grande. Assez grande pour qu'on la croit mince. Seule l'exploration permettrait d'en savoir plus.
De longs cheveux raides d'un blond Monégasque, ou Scandinave, ce qui revient au même car c'est du même bain qu'on a sorti les pigments. Cette belle crinière forme parenthèses sur un regard d'un bleu franc et ferme et sur un large sourire d'un blanc pur et insolent.
Bref. Géraldine est une belle femme. Un magazine de papier glacé lui servirait de couche que cela ne choquerait personne.
Sa toilette et ses manières la classent illico dans la case "bourgeoise friquée". On parierait facilement sur ses loisirs, la marque de sa voiture et ses engagements politiques. De Versailles à Megève, elle roule sur les traces de ses aïeuls et de ses pairs.
Mais les "bourgeoises friquées" sont dotées de parole. Aussi.
Et c'est l'heure où les clichés de nos cerveaux stéréotypés en prennent pour leur grade.
Derrière l'habit du moine, Géraldine est toute autre.
Le regard bleu, ferme et franc porte une assurance solide et non feinte. Le sourire pur et insolent s'ouvre sur la parole sage d'un esprit structuré. Géraldine est lucide. Pas du genre à se laisser impressionner par le clinquant et les vitrines. On sent que ce n'est pas nouveau. C'est une femme de mission et de fond.
Oh ! Ne croyez pas qu'elle a la maîtrise glaciale. Elle avance pas à pas. Sa force est d'œuvrer pour construire, guidée par les doutes, moteur régulateur.
La faille existe. Non. Pas tout à fait. Il ne s'agit pas d'une faille. Plutôt d'une fêlure. D'une fêlure assumée et mise en joue en permanence. Elle ne sera pas prétexte à ne pas faire bien, ni raison d'échouer. Elle l'a décidé à l'orée de l'âge adulte, une bonne fois pour toutes.
Exigeante et souple pourtant, Géraldine est une chercheuse. L'image qu'elle renvoie ne la trouble pas. Elle est ce qu'elle est. Comme elle. Parfois elle s'en sert, sans exagération et sans scrupules.
La voyant, on se dit : "C'est une belle femme"
L'écoutant, on se dit : "C'est une tête sur des épaules"
On gagne donc à la voir et à l'écouter en même temps.
"C'est une belle femme avec la tête sur les épaules"
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