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Ambition Passionneur
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19 avril 2010

Pour la fin du monde...

Déjà paru chez Claudiogène le 10 avril 2008

Le boulevard de Courcelles est ensoleillé, la circulation dense et les robes légères. Les yeux des embouteillés ne savent plus où donner du regard et les torticolis guettent.
Depuis la Porte de Champerret, je sens comme une excitation dans l'air. Paris est une ruche où toutes les femmes sont reines. Le monde, tout le monde a avalé la pilule du bonheur. Il flotte un parfum annonciateur de plaisirs orgiaques.
Pourvu que le prochain feu soit rouge ! Pourvu que le prochain feu soit rouge ! Je pourrai voir traverser cette beauté sur échasses. Les paquets des grands couturiers cachent un peu trop les jambes, mais le spectacle reste étourdissant. Elle a du sortir tout droit de l'affiche publicitaire de chez Decaux.

Le feu est rouge. Travelling. Les yeux traversent la rue, paupières bées.
File de gauche, le véhicule voisin est un fourgon de Police. Porte coulissante latérale ouverte, trois individus de type fonctionnaire assistent au même spectacle, képis en plus.
- Pas mal, hein ? me lance un képi moustachu, clin d'œil complice.
Il n'est pas question pour moi d'avoir la moindre connivence avec l'agent ni d'offrir la moindre contribution à l'esprit de troupe.
- Je sais pas moi, j'suis pédé, que j'envoie fièrement.
Les six yeux fonctionnarisés se consultent, estomaqués. Aucune parole ne trouvera la sortie.

J'arrive au bureau et raconte l'anecdote.
- Tu as osé ? Moi, je n'aurais jamais pu.
- Oui, mais toi, c'est parce que c'est vrai.
En effet, nous sommes cinq collègues dans ce service. Quatre hommes, une femme. Allez savoir pourquoi, la part d'homosexuels du service est largement supérieure à celle de la population globale. Soixante pour cent, deux hommes, une femme.
Mais comment font-ils donc leur recrutement dans cette boite ?

J'ai passé sept années d'une grande richesse avec humour sans limites et ouverture d'esprit totale dans cette entreprise pourtant traditionnelle par ailleurs.
Tous les matins, l'un des représentants des soixante pour cent précités me disait :
- Bonjour. J'ai entendu à la radio qu'aujourd'hui, c'est la fin du monde.
Tout ça parce que j'avais eu la bonne idée de proposer en cas de fin du monde imminente, un relâchement total matérialisé par des ébats débridés généralisés.

Ce ne fut jamais la fin du monde.
Si d'aucuns le regrettent, pour ma part, je m'en porte plutôt bien.

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Commentaires
B
je me marre....<br /> merci pour le sourire du matin
C
"Pétard que c'est bien "<br /> Mon commentaire enfantin préféré.
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