L'accordéoniste

On l'appelle Marcel. C'est un type plus qu'aimable, il est avenant et toujours souriant. L'extraversion envahissante, il accueille, il enveloppe, il emprisonne avec sincérité.
Émotif-Actif-Primaire et gros nounours, il impressionne son monde. Force de la nature infatigable, c'est un bûcheron d'appartement.
Il est partout. Vous le croyez dans la pièce d'à côté et il est là. Il sort et réapparait. Est-il plusieurs sans qu'on le sache ?
Ouvrez la bouche, il finit vos phrases. Vous voilà condamné à l'introduction de ses propres histoires. Aucun besoin de lui poser des questions. En bon bûcheron, il débite non-stop du matin au soir. Il n'a même pas besoin qu'on s'intéresse à lui, son propre intérêt lui suffit.
Marcel est un type sympathique et affable. Il ne vous ignore pas, vous êtes son moteur. Un pied sur votre genou et l'autre sur votre épaule, vous lui faites la courte échelle sans le savoir. Il s'élève par vous.
Sa musique est prévisible. Il écarte les bras lentement, puis les ramène d'un coup. Sa force herculéenne lui permet l'exercice. Mais, comme un geyser sonore, sa voix réveille les morts, effraie les enfants et fait déménager les voisins.
Car le musicien joue contre-nature. Un sanguin sous contrôle, ça ne dure jamais longtemps. Sa partition est immuable ; c'est le profil d'une étape de haute montagne dans la page des sports : Alternance de calme plat et de cols Hors-Catégorie. Les pois rouges lui siéent à merveille. Il mouille le maillot tant il chauffe le Marcel.
Croyez-vous qu'il s'offusquerait d'un tel portrait ? Pas du tout. Il se connait mieux que tout le monde. Mais il est de ceux qui répètent "Je suis comme ça" évitant le recul. S'il lui fallait décimer une forêt en moins d'un quart d'heure pour résoudre n'importe quel problème, il s'y mettrait dans la seconde et l'Amazonie n'aurait qu'à bien se tenir. Seulement, certaines solutions demandent plus de finesse et de patience. C'est pas son fort à Marcel.
Ses proches connaissent bien la musique et savent faire silence au moment de l'envol Fortississimo.
L'artiste au soufflet est bon joueur. Il s'excuse à chaque excès de cet emportement primaire, saluant son public la nuque honteuse.
L'alternance récurrente finit par passer de seconde à première nature. C'est sa respiration. Qu'il parle bas, parle haut, ça le fait gueuler, c'est physique.
Chacun jouant son rôle, tout le monde y trouve son compte... Pour l'instant.

Comments

[Claudio]

ok je ravale mon commentaire.

[mcb]

c bien à l'accordéoniste de barbara que j'ai de suite pensé et la chanson ct je suis la longue dame brune, elle m'a trotté dans la tête toute la journée, c la première qui m'est venue ce matin, biz

[Louis-Paul]

Après la page blanche de Didier, c'était (tôt) ce matin une drôle de présentation chez toi.
(une "tâche" imposante de couleur uniforme, plus de photo...)
Je préfères comme cela. Sourire: à mon tour de te remercier.

[Berrybelle]

Merci de l'avoir écrit celui-ci. Heureusement qu'il n'est pas parti à la poubelle.

Ca flashe les noeils ta nouvelle présentation. C'est vif et dynamique.

[Claudio]

Il me semble que tu penses à la chanson d'Edith Piaf. dans ce cas c'est normal "Qu'il parle bas, parle haut, ça le fait gueuler, c'est physique"