"Positivez !" qu'ils vous disent
Contrairement aux apparences, je n'aime pas du tout ces formules : "Positivez" ou "Il faut positiver".
Au-delà de leur niaiserie ces injonctions me rappellent qu'on avait obligé les caissières d'un grand magasin à arborer un badge avec le slogan "Je positive". Le client ne percevait qu'une chose : "Mon patron me dit de vous dire que je positive. En fait, il positive pour moi et je suis le support humain de ses tiroirs-caisse".
Passons.
Positiver, suppose qu'on prend une situation et qu'on la perçoit meilleure de ce qu'elle est. On l'enjolive. Le but étant d'atteindre des récepteurs qui remonteront le moral. Je simplifie bien sûr.
Cependant, je vois la situation meilleure mais elle n'a pas changé. Et, au fond de moi, je sens bien que je triche avec la vérité et avec moi-même. Rien à gagner dans l'affaire. Ce n'est pas plus juste ni plus honnête que de la voir pire qu'elle est.
Je préfère, pour ma part, une vision réaliste et lucide de la situation.
Quel que soit le tragique de la chose, je sais qu'il est dans quelques recoins des raisons d'espérer et des graines à arroser, des ressources à activer. C'est vrai et je ne me suis pas caché la vérité.
Si j'ai assez de talent, de force, de courage, de patience pour faire monter tout ça, j'aurai réussi. Et c'est parce que j'aurais construit sur du vrai, même délabré, que ça tiendra.
Si je n'avais que positivé, j'aurais vite fait d'être rattrapé par la réalité et le vernis aurait vite fait de craquer.
Optimiste je suis, mais par pour l'être.
Je le suis.
Ce billet me permet de placer une formule que j'ai beaucoup aimée, lancée par un ami (merci Didier) au moment de la création de ce blog. Il disait que j'avais "l'ambition passionnée chevillée aux neurones".
C'est pas beau ça ? C'est la classe. (Chevillée au corps eut été plus primaire)
Et il avait bien trouvé. Je veux démontrer l'espoir, intellectualiser l'optimisme, expliquer l'amour de son prochain.
Laissons les incantations aux faibles d'esprits et prouvons que tout est possible. Ce faisant on s'éloigne de l'illumination et du fanatisme.
Cette formule me permet d'en placer une autre. Le Claudiogène de mon ancien blog avait été qualifié de "grand frère intello d'Amélie Poulain" (merci Patrick). D'abord flatté, j'avais fini par repousser le compliment. Les autodidactes sont ainsi ; ils trouvent toujours illégitimes certains termes. Mais, je l'avais gardé en mémoire. La preuve.
En un mot, ne positivons pas, regardons la vie telle qu'elle est, belle.