Le naïf de service

J'aime beaucoup cette idée du naïf de service, du candide.
Celui qui, vierge de tout dans un domaine, bouscule les certitudes de ceux qui savent.
Son œil neuf perçoit les archaïsmes et les rigidités installées. Pas plus malin qu'un autre et parfois un parfait imbécile, c'est sa position qui lui donne sa force. Il viendra au secours de ceux qui, experts pourtant, n'ont pas le loisir de relever la tête du guidon. Et si parfois, ils le font, leurs automatismes et leur vécu répondent toujours la même chose.
Fou du roi et idiot du village, il agace. Il agace et il réveille pourtant, pour peu qu'on s'ouvre à ses remarques a priori simplistes.

Il n'est pas question pour autant de lui donner du pouvoir ou de le faire agir. Ce serait trop risqué. Qu'il consulte, qu'il audite. C'est bien suffisant.
C'est un anti-conservateur qui ne le sait pas. Le naïf a le sens du bon sens. Sa liberté de penser lui permet de ne pas se freiner, d'apporter des idées nouvelles et "franchement stupides" au premier abord.

Ce candide n'est pas, selon moi, assez utilisé dans notre société.
Les spécialistes font des rapports, ils sont spécialistes. Les décideurs décident, qui-c'est-qui-commande-non-mais ? La base aurait voulu être consultée parce que quand même c'est-elle-qui-connait-le-terrain et on oublie l'esprit vierge de l'extérieur, celui sans parti pris, sans rien à défendre pour lui ; et surtout libre de tout corporatisme puisqu'il est seul.

J'exagère bien sûr. Je sais qu'il est beaucoup de commissions qui invitent des non-spécialistes. Mais souvent ceux-là sont spécialistes d'autre chose, donc déjà modelés.
Ce serait drôle de tirer au sort des candides, comme on fait pour les jurés. (Tiens, ça c'est bien une idée de candide, non ?)

Je ne m'étale pas. Le propos a été compris.

Je ne résiste pas, pour finir, à confesser d'où m'est venue l'idée de ce billet : Je me disais que de temps à autre je m'occupe de politique ici et qu'il fallait bien me trouver une raison de le faire. Une justification à me mêler de choses qui me sont étrangères.
C'est fait. ;-)

Comments

[LP]

Tiens pas de Note, ne me dis pas que c'est comme à la SNCF, avec un jour d'avance!(Sourire)

[Didier]

Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin.

[Claudio]

Alors, Ugo, c'est le rôle de l'échelon le plus élevé qui serait tenu par l'échelon le plus bas ? Inquiétant ;-) Mais bien vu.

Tiphaine, c'est vrai qu'après coup, je vois qu'aujourd'hui c'est moi qui enfonce les portes ouvertes. Demain, j'invente la roue ;-)
Merci pour tes infos (c'est beau la culture). J'en profite pour faire un lien sur un site que j'aime bien : http://www.cnrtl.fr/definition/candide

[Tiphaine]

J'adore changer mais ça n'a rien à voir...
Mon commentaire c'était à propos de cette phrase :
" Ce serait drôle de tirer au sort des candides, comme on fait pour les jurés.".
Je te le fais de mémoire mais ce serait à préciser et je n'ai pas trouvé d'article sur internet qui l'expose bien, bref, Candide vient du latin Candidus, qui lui-même vient de candere qui signifie "être blanc". Le blanc symbole de l'innocence etc...
C'est à mon avis à rapprocher d'un autre mot, candidat, qui vient du latin "candidatus" et signifie donc "être habillé de blanc".
Tout ça ne nous rajeunit pas, ça se passe à Rome il y a bien longtemps, les candidats vêtus d'une toge d'un blanc éclatant signifiaient ainsi à leurs électeurs que leurs intentions étaient pures...

[Ugo]

Ca correspond au rôle de visionnaire, incarné par le président. Le souci c'est que dans les entreprises cotées, le président est davantage gestionnaire que visionnaire. La vision - elle - est émiettée parmi les actionnaires, fonction du capital apporté.

Plus proche de ton article, j'ai bien cette idée. En fait, ça correspond (presque) au rôle du stagiaire.